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Analyse concise des élections en Galice et au Pays Basque

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Les médias français ne comprennent rien à l'Espagne. Plus particulièrement à la politique espagnole. Ainsi, Rajoy sortirait confirmé des élections en Galice et les nationalistes basques de gauche feraient une "percée". S'il est une leçon qu'il faut tirer des élections en Galice et au Pays Basque, c'est plutôt celle du statu quo.



La Galice, bastion conservateur


La Galice est une région traditionnellement conservatrice. C'est la région du défunt Fraga. Une sorte d'Alsace espagnole, ou peut-être pour une analogie plus correcte, d'Ouest français des Trente Glorieuses, d'avant les années 2000 (qui ont vu en France la gauche prendre l'Ouest rural anciennement démocrate-chrétien tandis que l'Est urbain, de la Lorraine à la Provence, sur substrat communiste, ouvriériste et tribunicien, passait à l'UMP voire au FN, car subissant de plein fouet la mondialisation). La Galice, un mix entre catholicisme, ruralité, paternalisme économique, ...





Quelle leçon alors tirer du fait qu'une région conservatrice vote pour un candidat conservateur, en l'espèce Alberto Núñez Feijóo ? Aucune. Cela ne peut rien signifier nationalement, sauf à la marge pour l'aura personnelle de Feijóo, possible successeur de Rajoy au PP ... Cela a aussi peu de signification que la victoire socialiste aux élections andalouses d'il y a quelques mois : l'Andalousie est le Nord-Pas-de-Calais de l'Espagne. Cela ne signifie en tout cas rien du soutien des Espagnols à la politique économique de Mariano Rajoy, politique au demeurant bien contrainte par les conditions internationales.

La façon, par contre, dont le vote de gauche se répartit plus équitablement en faveur de petits partis (bloc écolo-communiste d'AGE, indépendantistes de BNG), au détriment du PSOE, est plus intéressante, encore que ce ne soit là qu'une illustration banale du discrédit du parti socialiste en Espagne après des années de pouvoir.

Le bipartisme ne tardera pas à ressusciter le PSOE quand le PP sera à son tour en bout de course au national. On annonce régulièrement la mort de ces partis, en oubliant toujours que des alternatives crédibles ne peuvent émerger du fait du système électoral bipartisan. Bien entendu, à l'interne, après une telle défaite, les ambitions de certains socialistes, mis sur la touche par Alfredo Pérez Rubalcaba lors du dernier congrès, vont poindre. Appels classiques au changement de génération. On a connu ça en France après des élections régionales ou des élections européennes.

Quant au nationalisme galicien de gauche, il reste à son niveau de base, son étiage maximal, à savoir 25% des votes.




La communauté basque, rien de nouveau


Les médias français comprennent encore moins la politique basque. 






Le parti nationaliste basque (PNV) de centre-droit retrouve donc le pouvoir avec une majorité de sièges, après une mandature dans l'opposition. De quelle opposition s'agissait-il ? Le PNV était déjà majoritaire aux dernières élections. Seulement, les partis nationalistes de gauche, accusés de connivence avec ETA, n'avaient pu participer aux élections, car illégalisés : dès lors, une situation inédite fut possible, à savoir un pacte entre le PSOE et le PP face au seul PNV qui mena au pouvoir un socialiste, en l'espèce Patxi López, lors d'un scrutin boycotté par les électeurs nationalistes de gauche.

Comment qualifier un tel pacte ? Contre-nature assurément. Constitutionnaliste disaient ses défenseurs d'alors : face au nationalisme du PNV qui s'était matérialisé dans le plan Ibarretxe, un front unitaire était nécessaire. Bien entendu, le pacte n'a pas duré, surtout dès lors que le PP prenait le pouvoir au national et que PP et PSOE n'étaient plus d'accord sur la ligne économique, tandis qu'ils étaient contraints à l'alliance au local. 3 ans en tout, la situation était intenable. D'où les nouvelles élections.

Parallèlement, le Tribunal constitutionnel espagnol a légalisé les partis nationalistes de gauche. Dès lors, les résultats d'hier reflètent ce que la situation aurait toujours dû être : un PNV plutôt dominateur (notamment dans son bastion de Biscaye) face à d'autres partis (PP, PSOE, ...) avec lesquels ponctuellement, il cherchera des alliances.

Le résultat de la coalition de gauche indépendantiste, appelée EH Bildu, n'est en rien surprenant : parler de "percée" est une analyse erronée, il s'agit seulement du niveau normal du nationalisme basque de gauche, très puissant et sociologiquement ancré en Guipúzcoa par exemple, comme les élections municipales d'il y a quelques mois ont pu déjà le prouver. Déjà, on entend des figures nationales du PP type Esperanza Aguirre dire qu'il ne fallait pas légaliser Bildu. A la vérité, Madrid ne pouvait pas plus longtemps ignorer une réalité sociétale, à savoir le support populaire pour les partis de la gauche indépendantiste au Pays Basque : il ne sert à rien de casser le thermomètre si le temps ne nous plait pas.

Peut-on imaginer un pacte entre le PNV et Bildu, en somme un pacte nationaliste face aux partis constitutionnalistes (PP-PSOE) ? Probablement pas, Iñigo Urkullu, chef de file du PNV et futur lehendakari, a fait sa campagne sur des thématiques de centre, axée sur l'économie. Au demeurant, il n'est pas de l'intérêt du PNV d'aider Bildu à progresser encore, d'autant plus que Bildu gère de grandes villes comme Saint-Sébastien, et que la stratégie du PNV est plutôt de laisser les nationalistes de gauche se perdre dans la gestion quotidienne d'exécutifs locaux. Leur donner le pouvoir ponctuellement pour qu'ils déçoivent leur électorat en fait.



In fine, seules des circonstances exceptionnelles (sécession de la Catalogne ?) pourraient précipiter une alliance nationaliste entre le PNV et Bildu ... Cela ne risque pas d'arriver en l'état de crise dans laquelle se trouvent les communautés espagnoles. Le PNV va donc se contenter de faire ce qu'il fait depuis des décennies, de la politique qu'en France l'on dirait de la IVème République. C'est peut-être aussi bien.

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