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Channel: Béarniaiseries et occitâneries
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Les Gascons dans la géographie du XIXème siècle

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"La familia ibérica, que en la antigüedad se componia de los íberos,
que habitaban la España, Portugal y la Aquitania ó Gascuña [...] En el
dia la raza pura de los íberos solo comprende á los vascos ; pues los
españoles y portugueses proceden de los antiguos íberos amalgamados
con los galos, romanos, godos y árabes. Los gascones son íberos
afrancesados."


Curso elemental de geografía física, política y astronómica, Bernardo Monreal y Ascaso, 1863


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"Les Gascons sont des ibères romanisés. Les Béarnais ont toujours occupé parmi eux le premier rang."


Second cours de géographie, Frédéric-Constant de Rougemont, 1838



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"Los pueblos diseminados por la cuenca del Garona y calificados de gascones, no son vascos (...) han perdido, andando el tiempo, su lengua con su nacionalidad, y no son reconocidos como hermanos por los vascos franceses, quienes sólo consideran como tales a vizcaínos, guipuzcoanos, alaveses y navarros. Población: estos países, últimos restos de la antigua raza de los íberos, ocupan las dos vertientes de los Pirineos occidentales, entre Francia y España, repartidos en siete provincias, cuatro españolas y tres francesas".


"Real Academia de la Historia" : Vascongadas

Gascon et guyennais en Lot-et-Garonne

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Lavardac :
1. Un homi awè düs hilhs ; lou mey jouen digout a soun pay : Papay,
balhat me lous bens que diwi auje per ma part. E lous y hascout lou
partatche de soun ben.

Prayssas :
1. Un homi abiŏ düs fils : lou pü jouyne diguet a soun pay : Moun pay,
dounas me lous bes que dibi abe per ma part. E lou pay lour fasquet
lou partatge de soun be.

L :
2. Cauques jours apretz, lou mey jouen empourtan damb et tout so
qu'awè, s'en angout courre dens ün païs eluenhat oun despenset tout
soun ben.

P :
2. Pauc des jours apret, lou pü jouyne empourtan damb el tout so
qu'abiŏ, s'en anguet bouyatcha en païs eloinhat oun despenset tout
soun be.

L :
3. Apretz qu'aout tout gaspilhat, bengout iŏ grandŏ faminŏ den aquet
païs ; e estout talŏmen nüt de toutŏ causŏ, qu'estout oubligat des
bouta au darre d'ün abitan du loc que l'embiet den sa bordŏ end'y
gouarda lous tessouns.

P :
3. Après qu'atjet tout dissipat, sürbenguet unŏ grandŏ faminŏ dins lou
païs ound érŏ, e fusquet taloment denuat de toutŏ causŏ que calguet
que se louguessŏ chez un abitan de l'endret que l'embouyet dins unŏ de
sas bordos per y garda lous tessous.

L :
4. Aquiu, que dezirawŏ se rassasia das trounhotz que lous tessouns
minyawŏn, mè digün que l'y en balhet.

P :
4. Aquiu, deziret poude se rassasia des restŏs que faziŏn lous
tessous, mes digün nou l'in dounguet.

L :
5. A la fin, reflechiscout e digout :y a den l'oustau de papay bayletz
qu'an pan tant que boůn, e jou mourissi de hami aci.

P :
5. Enfin, en reflechin, diguet : y a din l'oustal de moun pay des
bayletz qu'an de pa en aboundansŏ, e jou mouri de fam aci.

L :
6. Que cau que me lewĭ, qu'anguĭ trouba papay e que li diguĭ : "Moun
pay, ey pecat countrŏ lou ciel e dewan bous. Ne souy pas digne adarŏ
d'esta aperat boste hilh. Tretatz-me dounc, coumŏ ün de bostes
bayletz."

P :
6. Cal que me lebĭ, qu'anguĭ trouba moun pay et que li diguĭ : "Moun
pay, ey pecat countra lou ciel e daban bous. Nou sey pas digne adarŏ
d'estre appelat bostre fil. Tretaz-me dounc comme l'un de bostes
bayletz."

L :
7. Se lewet dounc et angout trouba soun pay : me coumo èrŏ encouerŏ
luen, soun pay l'apercebüt e, toucat de coumpassioun, courrout e
l'embrasset.

P :
7. Se lebet dounc e anguet trouba soun pay : mes èrŏ enquerŏ len que
soun pay l'aperceguet, e, toucat de compassioun, courguet l'embrassa.

L :
8. Soun hilh li digout : Moun pay, ey pecat, etc.

P:
8. Soun fil li diguet : Moun pay, ey pecat, etc.

L :
9. Me lou pay digout a sous bayletz : Pourtatz li biste sa prümèro
pelhŏ e boutatz-li : boutatz-li ün anet au dit e souliès as pès.

P :
9. Mes lou pay diguet a sous bayletz : Pourtas-li biste sa pü belŏ
raubo e metes li : metes li un anel al dit e des souliès as pès.

L :
10. Miatz lou betet gras e tuätz lou ; minyan e hèn bounŏ chèrŏ, pramo
que moun hilh qu'èrŏ mort et ès ressuscitat." E hascoun grandŏ hestŏ.

P :
10. Menas lou bedel gras e tia lou; mingen e fasquen bounŏ chèrŏ,
parce que baci moun fil qu'èrŏ mort e qu'ès ressuscitat ; èrŏ perdüt
et ès retroubat." E fasqueren grandŏ festŏ.


Source : Luchaire



Analyse phonétique rapide :

1. Chute du n intervocalique à Lavardac : miatz (L) / menas (P)
2. N dental final à Lavardac : ben (L) / be (P) (trait très localisé en gascon, ailleurs plutôt vélaire)
3. Pas de fermeture o>u après nasale : mort (L/P)
4. Pas d'assimilation nd>n : grandŏ (L/P)
5. Traitement gascon de ll à Lavardac : aquet (L), aperat (L)
6. Passage f>h à Lavardac : hilh(L) / fil (L)
7. Traitement gascon du v intervocalique à Lavardac : awè(L) / abiŏ
(P)
8. Vocalisation de -l à Lavardac : oustau (L) / oustal (P)
9. Traitement gascon de -ariu/aria à Lavardac : prümèro (L)
10. Conservation du groupe gw mais pas de kw : gouarda (L) / garda
(P) ... cauques (L)

Le texte ne permet pas de juger quant au arr- prosthétique. On peut remarquer la conservation de l'occlusive sourde en gascon dans betet (L) / bedel (P), la prononciation -ts des finales des secondes personnes du pluriel en gascon, la dépalatisation des -lh finaux en languedocien (jamais notée à l'écrit en écriture alibertine alors qu'il s'agit d'un trait fort qui s'oppose au gascon), prononciation sporadique y de j en gascon, diphtongaison du o bref conditionnée par le yod encouerŏ (L) / enquerŏ (P), ...

Les deux communes ne sont séparées que de 25 kilomètres ... La différenciation est énorme. Et on est loin du gascon pyrénéen ...



Aux confins du gascon : Cherbeys

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Nous sommes dans le petit village de Charre, rive droite du Saison, en Béarn, au hameau de Cherbeys.


Frontière linguistique approximative entre le basque et le gascon


Cherbeys est Xerbee-Jusoo de Haute en 1385. L'adjonction d'un s (Cherbes au XIXème siècle) est assez mystérieuse comme dans le hameau voisin de Bisqueys (du basque bizkai, encore noté Biscay sur la carte de Cassini), à moins qu'il ne s'agisse d'un pluriel pour faire allusion à Xerbee-Susoo que pourtant Paul Raymond n'identifie pas à Xerbee-Jusoo. Il semble bien que selon l'attestation de 1386 s'appelait tout simplement Xerbe.

Dans le dénombrement des feux de 1385, X sert à noter une chuintante, souvent issue du s apico-alvéolaire gascon (ex : Guixarnaut, issue de Gassie-Arnaut), commun au castillan (le fameux s chuinté espagnol), mais pas nécessairement.

On pense immédiatement au gascon "gerbèr" qui aurait été cependant plutôt Yerbee, car en Béarn, g + i,e donne y, peut-être anciennement j, mais jamais une chuintante (c'est le cas en aragonais). "serbèr" ne signifie rien quant à lui.


Cherbeys


Alors, dans le contexte de présence de la langue basque dans ce village encore au XIVème siècle ainsi que le confirme la domonymie de l'époque, on peut imaginer qu'il s'agit de la déformation du basque Etxeberri :

(Et)xeberri > 'Cheberri > Cherbe (métathèse gasconne)

Il faudrait savoir la prononciation actuelle : l'accentuation sur l'initiale est souvent un indice, mais elle a pu se perdre. A Charre, en 1385, le basque Etxebertze* a donné la maison dite Cheverce. Ce qui pose problème, c'est donc que dans le même village à la même époque, on note Cheverce d'une part avec "ch" (affriquée ? En basque moderne : "tx") et Xerbee avec "x" (simple chuitante, en basque moderne, entre "x" et "s").

Il est certain qu'en gascon, "etxe" est in fine interprété en chuintante (cf Xandieà Sauvelade à la même époque qui ne peut qu'être Etxehandia).
Mais pourquoi cette différence ? Il est vrai que par exemple, pour la commune basque de Charritte-de-Haut, on note dans le Censier gothique "exartea" Etxartea et "echeverrie" Etxeberria.

* : bertze en basque, c'est "autre". "L'autre maison". "Lautecaze" existe en gascon.

A titre anecdotique, dans le Censier gothique de Soule, quand le nom basque des maisons est transparent, il est traduit en gascon. La grande majorité des Etxegapare/Etxekapare est dite "casemayor".

Mes résultats génétiques

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Ceux qui me connaissent savent mon attrait pour la question des origines des peuples. Et plus précisément, charité bien ordonnée commençant par soi-même, celle de mes origines. Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai questionné qui j'étais, d'où je venais, via la patronymie, la toponymie, la généalogie. Aujourd'hui, plus de deux décennies après le déclenchement de cette maladie obsessionnelle, je suis en mesure de mettre des mots techniques sur une réalité difficilement palpable. La génétique ! Et je ne suis pas fou !

J'ai ainsi récemment profité d'une ristourne pour acheter le kit génétique de la compagnie californienne 23andme. Les résultats sont tombés après quelques semaines d'attente, d'angoisse aussi, car il n'existe rien de plus oppressant que le déterminisme scientifique. Du point de vue de la santé, il n'y a rien à dire : l'entreprise américaine a parfaitement détecté les maladies "familiales". Au fond, cela se résume à un conseil bien évident : il faut éviter la vie de patachon. Ce qui m'intéresse le plus relève de sur quoi aucun d'entre nous n'a prise : le passé ancestral.

Avant toute chose, voici un aperçu rapide de mon "pedigree", afin de mettre en balance les résultats avec le cobaye testé :


- Côté paternel :

Grand-père : Bigourdan des enclaves mais le patronyme est de l'Entre-Deux-Gaves en Béarn (probable migration vers 1800 que je ne parviens pas à prouver via les bases généalogiques). Mariages entre familles béarnaises de Saubole et bigourdanes des enclaves (Séron, Escaunets, ...)

Grand-mère : mère du Vic-Bilh (environs de Lembeye) avec ancêtres lointains en Rivière-Basse. Père issu en partie de familles protestantes de Salies-de-Béarn et de catholiques charnégous de Labastide-Villefranche, à la frontière avec le pays de Gramont (Basse-Navarre gasconophone).


- Côté maternel :

Grand-père : moitié-Morlaàs, moitié-Thèze.

Grand-mère : moitié-Morlaàs, moitié-Thèze. Je subodore qu'ils étaient cousins car les mêmes villages reviennent avec obsession. :)

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Voici les résultats : pour comprendre les termes techniques, voyez les articles de Wikipedia anglophone qui sont bien faits.


Y-DNA haplogroup
:



C'est un haplogroupe de souche pyrénéenne, trouvé fréquemment chez les Basques et les Catalans (autrement dit chez les populations basco-ibères), qui s'est étendu par la suite à l'Europe entière après la période glaciaire. Il n'y a rien de surprenant à un tel résultat dans la mesure où la lignée paternelle est probablement située dans l'Entre-Deux-Gaves béarnais, région à la toponymie basque encore subrepticement présente. Voici plus précisément ce que la Wikipedia anglophone en dit :

" This subclade is defined by the presence of the marker M167, also known as SRY2627. The first author to test for this marker (long before current haplogroup nomenclature existed) was Hurles in 1999, who tested 1158 men in various populations. He found it relatively common among Basques (13/117: 11%) and Catalans (7/32: 22%). Other occurrences were found among other Spanish, Béarnais, other French, British and Germans.

In 2000 Rosser et al., in a study which tested 3616 men in various populations also tested for that same marker, naming the haplogroup Hg22, and again it was found mainly among Basques (19%), in lower frequencies among French (5%), Bavarians (3%), Spanish (2%), Southern Portuguese (2%), and in single occurrences among Romanians, Slovenians, Dutch, Belgians and English.

In 2001 Bosch described this marker as H103, in 5 Basques and 5 Catalans. Further regional studies have located it in significant amounts in Asturias, Cantabria and Galicia, as well as again among Basques. Cases in the Azores and Latin America have also been reported. In 2008 two research papers by López-Parra and Adams, respectively, confirmed a strong association with all or most of the Pyrenees and Eastern Iberia. "




mtDNA haplogroup :



Haplogroupe très rare en France que l'on pense être issu du foyer franco-cantabrique de l'âge de Glace. Il a aujourd'hui son extension maximale chez les Lappons du fait du repeuplement de l'Europe après l'âge glaciaire. Dans la mesure où j'envisage mal une rétro-migration, il y a fort à parier que la présence de cet haplogroupe au pied des Pyrénées représente un état initial avant sa dispersion lors du repeuplement de l'Europe, notamment du Nord. Une population réduite possédant cet haplogroupe aura été la source ancestrale d'une grande partie des Européens du Nord : en effet, plus les migrations sont récentes, moins la variété génétique est grande. Encore aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne est génétiquement le continent le plus divers. Ce que Wiki en dit plus précisément :

" Although a small proportion of the Haplogroup U (mtDNA) among the Sami falls into U4, the great majority is U5b. The percentage of total Sami mtDNA samples tested by Tambets and her colleagues which were U5b ranged from 56.8% in Nowegian Sami to 26.5% in Swedish Sami. Sami U5b falls into subclade U5b1b1. This subclade is present in the French, Croatian, Bosnian, Slovenian, Czech, Russian, Ukrainian, Polish, and Hungarian mtDNA pools and also in the Caucasus.

However 38% of the Sami U5b1b1 mtDNAs have
haplotype so far exclusive to the Sami, containing a transition at np 16148. Alessandro Achilli and colleagues noted that the Sami and the Berbers share U5b1b, which they estimated at 9,000 years old, and argued that this provides evidence for a radiation of the haplogroup from the Franco-Cantabrian refuge area of southwestern Europe "



Ancestry painting :




Global similarity :



Southern European : 67.94
Northern European : 67.88

NB : 23andme définit l'Europe du Sud comme étant l'Espagne, le Portugal, l'Italie, ... plus l'échantillon basque à leur disposition. La France dans son intégralité est par contre classée sous le label "Europe du Nord". On verra dans les cartes qui suivent l'artificialité de cette division.


Europlot :


Il s'agit de situer le génome des utilisateurs en fonction de populations de base dont dispose 23andme : c'est un bête algorithme mathématique. Je suis la flèche verte isolée entre l'échantillon basque et le gros des Européens. Les carrés verts représentent un échantillon d'Européens du Nord (les Français y sont donc inclus). En orange, les Européens du Sud (essentiellement des Italiens). Je suis grosso-modo en fait à un tiers de distance du groupe basque et 2/3 des Européens du Nord (si l'on excepte le carré vert un peu aberrant qui s'approche de moi à droite) tels que définis par 23andme. Ce qui signifie en termes triviaux que génétiquement, c'est des Basques que je suis le plus proche, loin devant les Européens du Nord, dont les Français.



NE plot : En zoomant sur l'Europe du Nord, je n'apparais pas sur le graphique car en dehors de la variabilité nord-européenne ainsi définie.




SE plot : En zoomant sur l'Europe du Sud, je n'apparais pas plus sur le graphique car en dehors de la variabilité sud-européenne ainsi définie.




Je me retrouve donc sacrément isolé, n'ayant pas d'affinités étroites avec les Européens de base, qui au moins sur l'axe Est/Ouest des migrations sont tous situés à l'Est (apport néolithique ?). Plus l'on se situe à l'Ouest, plus l'on est en contact avec le foyer originel européen, représenté aujourd'hui par le peuple basque. C'est le fameux refuge "franco-cantabrien". Que déduire donc ? Je suis génétiquement "basque" mais différemment, dans une autre variabilité, probablement aquitaine, qui fait transition avec le gros des Européens. Il y a fort à parier que si 23andme disposait d'échantillons de populations sub-pyrénéennes comme les Haut-Aragonais, les Basques périphériques (Souletins, Roncalais, ...), les Gascons de manière générale et les Catalans, je me trouverais moins isolé et ces populations assureraient le continuum du graphique.

Fort heureusement, 23andme permet de partager avec les autres utilisateurs ses données génétiques. J'ai donc ajouté de nombreuses personnes qui affinent le graphique.



Le graphe se décante quelque peu. Analysons les groupes les plus intéressants qui apparaissent :

- Le groupe "Portugal + Spain" est constitué de deux utilisateurs portugais, l'un du Nord, l'autre du Sud (ce qui prouve la grande homogénéité de ce pays) ainsi que d'Andalous et d'une Manchega. On remarque que le groupe ibérique se situe au Nord et à l'Ouest des Européens du Sud tels que définis par 23andme : c'est la confirmation que les habitants de la péninsule ibérique partagent des affinités plus fortes avec les peuplades de la façade atlantique qu'avec les Méditerranéens. Pour l'instant je n'ai pas compris quel était ce groupe de carrés verts "nord-européens" au SE des Ibères : il s'agirait d'échantillons provençaux selon certains, qui font donc continuum avec l'Italie.

- Le groupe des Français est très intéressant : du Nord au Sud, un utilisateur du Berry/Bourbonnais, un autre du Velay, enfin un autre du Dauphiné (dans sa partie occitanophone). On remarque donc que ces trois individus se situent approximativement au même endroit sur un axe Ouest/Est.

- Le groupe qui pour l'instant s'approche le plus de moi sur l'axe Ouest/Est est constitué d'Espagnols. Le groupe est composé d'un individu à moitié-aragonais, à moitié-valencien, d'un autre à moitié navarrais, à moitié galicien, enfin d'un habitant de Guadalajara ... qui s'avère être mon cousin au 4ème degré ! Ou bien je possède un ancêtre espagnol commun avec lui, ou bien l'un de mes cousins dans une branche quelconque aura migré en Espagne, schéma classique dans la France du Sud-Ouest. Dans le coin NE de ce groupe se trouve un individu catalan qui fait donc transition avec les Français.

- Enfin, notons l'individu dit "Half-Gascon". 23andme m'indique qu'il s'agit d'une Américaine dont la mère était béarnaise des environs de Salies-de-Béarn, nous cousinons donc par mes ancêtres dans cette région (elle se croyait d'origine basque !). Cette dame est également à 1/4 Corse et 1/4 Autrichienne, il n'en reste pas moins qu'elle est celle qui tend le plus vers moi des personnes rajoutées, du moins sur l'axe Ouest/Est.


Conclusion :



Dans l'attente d'autres résultats que je publierai, voici une conclusion partielle :

- 23andme ne m'a rien appris : je suis "génétiquement" ce que je suis "généalogiquement". Je suis "Gascon" (du Béarn) à savoir l'avatar moderne de l'ancienne ethnie aquitaine, dont tous les témoignages tendent à prouver qu'il s'agit de l'extension antique des Basques au Nord des Pyrénées, entre la Garonne, l'Océan et les Pyrénées. Je suis un Basco-aquitain latinisé.

- Mes haplogroupes sont très localisés et relativement rares et typés, ce qui confirme une occupation du sol très ancienne de la part de mes ancêtres, que l'on peut dater au minimum de l'âge de Glace.

- 23andme manque d'échantillons de référence dans des zones réduites géographiquement mais fascinantes génétiquement, à savoir les anciens pays de langue basque : La Rioja, le Haut-Aragon, la Gascogne, probablement le Languedoc pyrénéen. L'échantillon basque choisi est par ailleurs connu pour sa grande originalité du fait de l'endogamie propre à l'ancien monde : par conséquent, des originalités génétiques irréductibles se sont développées (cf les Sardes).

On voit fort bien que dès que l'on s'approche du foyer franco-cantabrien, les distances génétiques sont grandes alors que les distances géographiques ne le sont pas. Deux Portugais distants de 400km vont se trouver côte-à-côte sur le graphique alors que deux Basques seront plus éloignés, au moins sur l'axe Ouest/Est ! La variété génétique est plus grande dans le foyer originel de population de l'Europe alors que de nombreux Européens ne sont que les descendants de groupes réduits de colons partis après l'âge de Glace, donc génétiquement plus homogènes, et plus ou moins en contact avec les migrations néolithiques ultérieures en provenance du Proche-Orient.

A suivre !

L'ingérence catalane du GLO

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On le sait peu mais les occitanistes sont parvenus à lier des rapports assez étroits avec la Generalitat de Catalunya via le "Grop de Lingüistica Occitana" (GLO)* rattaché à la "Secretaria de Política Lingüística". Les Aranais - complexés par leur forme périphérique de gascon - sont au premier plan de ce combat : il s'agit d'élaborer un occitan standard. C'est non sans honte que la rhétorique la plus minable est utilisée pour faire avaler ce truc.


* : "El contingut d'aquesta minigramàtica de l'occità que teniu a les mans, elaborada pel doctor Aitor Carrera, va ser aprovat pel Grop de Lingüistica Occitana (GLO), de la Secretaria de Política Lingüística de la Generalitat de Catalunya, en la trobada de Vielha del dia 7 de febrer de 2009. El GLO és format per Dario Anghilante, Claudi Balaguer, Felip Aitor Carrera, Jean Claude Forêt, Jèp de Montoya, Rosella Pellerino, Patrici Pojada, Maurici Romieu, Patric Sauzet, Miquèu Segalàs, Domergue Sumien, Jacme Taupiac, Alan Viaut, Manel Zabala, i també per Joan Claudi Rixte. Els noms dels seus components són garantia de qualitat."

"Les formes que s'exposen a continuació pertanyen a una mena d'occità estàndard que, d'entrada, ha de resultar comprensible –sense cap aprenentatge previ– a tots els que coneixen i usen la llengua d'oc, ja siguin provençals, llenguadocians, alvernesos, gascons (aranesos inclosos) o llemosins."



Cette phrase cache de toute évidence que le standard sera élaboré en fonction du languedocien, ainsi que le prouve la suite du document. Le GLO se défend de toute ingérence, non sans faire dans le délire :


"El GLO, que assessora a la Secretaria de Política Lingüística, no és, ni pretén
ser, l'autoritat reguladora del territori lingüístic occità. Les estructures més
democràtiques del mateix territori hauran de generar aquest organisme regulador.
El dia de l'existència d'aquesta autoritat les propostes del GLO s'hi
adaptaran."


Lisez : le GLO s'éclipsera quand l'Occitanie sera autonome ... Par la suite, les auteurs de ce document tentent de justifier que si la plupart des choix sont languedociens, ce n'est que fortuit, et que cette langue standard sera l'alliée des "dialectes".


"Aquestes formes són el producte d'una selecció d'elements que parteix d'uns
criteris lingüístics que pretenen d'afavorir les formes més diasistemàtiques o
esteses territorialment, les més tradicionals o amb un pes històric i literari
més important, les més regulars, funcionals i autònomes o autòctones
d'Occitània. Hi pot haver una coincidència més o menys important entre aquestes formes i –sobretot– les d'alguns dialectes llenguadocians, situats en el centre del domini lingüístic, però cal remarcar que d'aquest fet no cal treure'n conclusions esbiaixades."


A titre personnel, je trouve cette démarche insupportable, aussi bien scientifiquement que politiquement. Scientifiquement car la démarche normalisatrice est biaisée car il n'y a aucune raison de favoriser le languedocien qui n'est en rien plus central ni plus conservateur que les autres langues d'oc, et en tout cas qui n'en est certainement pas la source, il ne parait pour tel que du fait qu'il est écrit avec plus d'ancienneté selon les codes alibertins.

La vérité est que le languedocien parlé est une surévolution du latin comme les autres, sa centralité est un mythe et sa définition même prête à sourire (le languedocien serait donc ces dialectes qui ne vocalisent pas). A la rigueur, s'il fallait vraiment unifier le dit occitan, il faudrait comme toute langue qui se respecte user de la langue littéraire historique, à savoir le limousin,
langue des troubadours, et certainement pas le languedocien, variante périphérique qui annonce le catalan dans l'ensemble gallo-roman méridional, anguedocien par ailleurs moribond et éteint dans certains régions (Aude, Hérault, ...).

Politiquement, l'ingérence catalane devient assez lourde à supporter mais on ne peut accuser la Catalogne. Ce qui est insupportable, c'est cette façon occitaniste de parasiter des institutions pour leur faire dire ce que l'on veut. Je comprends aisément le besoin catalan de renouer avec la dite Occitanie pour s'éloigner de Madrid. Mais pour quelle raison venir dicter à des populations
étrangères par le droit ces choses-là ? Les Catalans ont déjà détruit le roussillonnais, on voit assez tout de même les grandes tendances du rouleau compresseur normalisateur catalan. J'ai même lu récemment des textes de Corominas qui m'ont beaucoup déçu : je vous retrouverai les sources, mais Corominas dans son étude de l'aranais, exprime qu'à son avis l'aranais, s'il reste "occitan", est tout de même "catalan" et qu'en tout cas le peuple aranais se serait toujours senti "catalan" et aurait eu en mépris les Commingeois, des "Français" (sic). Qu'est ce que ne diraient pas les petits irrédentistes pour faire de jolies cartes ... Ce sont les mêmes qui vont expliquer que le parler languedocien des Fenouillèdes est en fait du catalan "gabatxisé" ou qui vont aller tailler dans les dialectes de transition en Aragon des parts de Catalogne.

Surtout, ce qui m'attriste, c'est que certains secteurs catalans n'appliquent pas à l'Occitanie ce qu'ils admettent chez eux. En effet, la Catalogne a clairement aujourd'hui renoncé à l'idéal des Països Catalans. Le vote sur la corrida est à ce titre révélateur car quoi qu'on en pense, Barcelone accélère la séparation sentimentale d'avec Valence. Donc d'un côté on a des patriotes catalans qui renoncent à la Grande Catalogne et préfèrent leur moignon féodal indépendant à une grande action sur toutes les terres catalanophones. Soit. C'est une démarche IBGiste ! Et de l'autre, ces patriotes catalans en recherche de frères au Nord des Pyrénées, vont venir nous parler d'Occitanie, assemblage éclaté de petites "Valences", autrement plus différenciées d'ailleurs que la Catalogne ne peut l'être du pays valencien. Je crois qu'il est temps pour les Catalans de viser leur véritable lien outre-Pyrénées, à savoir le Languedoc qui à tout point de vue est le double septentrional de la Catalogne. La Gascogne aussi pourrait renouer avec la Catalogne via Midi-Pyrénées peut-être. Mais il faut dire aux Catalans que ce qu'ils peuvent partager avec la Provence, et surtout avec la dite Occitanie du Nord est limité.

Dans tous les cas, j'ai beaucoup de sympathie pour les Catalans mais on ne peut qu'être attristé que dans le souci de bien faire, ils étendent en "Occitanie" leur obsession normalisatrice, avec la complicité d'occitanistes connus. Je rappelle que le Parlement catalan avait voté il y a quelques mois une résolution condamnant au fond la France pour son attitude envers le peuple occitan. On a connu des incidents diplomatiques pour moins que ça. Quant au fond, il faut tout à fait lutter contre l'émergence de ce standard occitan sur base languedocienne.

Rappel à la loi

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Le préfet des Pyrénées-Atlantiques a envoyé début septembre à tous les maires du département un rappel à la loi quant au régime d'aides qu'un conseil municipal peut allouer à des écoles privées, notamment du premier degré (en l'espèce les Ikastolak et les Calandretas). C'est la loi telle que codifiée dans le Code de l'Education : pour faire vite, rien en dépenses d'investissement mais la collectivité doit prendre à sa charge les dépenses de fonctionnement. En pratique, cela touche la location de locaux publics à un loyer inférieur à la valeur locative ou des constructions nouvelles destinées à l'accueil d'une école privée (du premier degré) : il y a interdiction.

C'est la loi. Que répond alors David Grosclaude sur "RàdioPaís" ? Le préfet n'aurait pas tenu compte de l'inscription* des langues régionales dans la Constitution.

* : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. »
Article 75-1 de la Constitution du 4 octobre 1958

Grosclaude de dire sérieusement que cela change tout le problème juridique. Ah bon ? D'abord, c'est au juge de dire ce qui est constitutionnel de ce qui ne l'est pas. Un maire n'a qu'à attaquer la circulaire du préfet devant le TA de Pau, on verra ce que diront les juges eu égard à cet argument constitutionnel. On peut sérieusement douter qu'une déclaration de principe sur les langues régionales s'oppose à l'application stricte du régime d'aides des écoles privées ... D'autant plus que parmi des principes constitutionnels, se trouvent les principes d'égalité devant la loi et d'unicité du peuple français qui ont servi en d'autres occasions à contrecarrer toute affirmation des "langues régionales". Le nouvel article 75-1 ne changera rien à la primauté du principe d'indivisibilité. Je rappelle la décision du Conseil Constitutionnel relative à la Charte des langues régionales :

"Considérant qu'il résulte de ces dispositions combinées que la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires, en ce qu'elle
confère des droits spécifiques à des "groupes" de locuteurs de langues
régionales ou minoritaires, à l'intérieur de "territoires" dans
lesquels ces langues sont pratiquées, porte atteinte aux principes
constitutionnels d'indivisibilité de la République, d'égalité devant
la loi et d'unicité du peuple français ; "

Dans tous les cas, la loi reste la loi, elle a été votée, elle n'a pas été censurée par le CC en son temps, à moins de demander une QPC sur cette question, tout cela est inutile. Ce ne sont que gesticulations.

Au fond, Grosclaude engage une lutte politique contre les préfets. Le préfet n'est pourtant que la bouche de la loi. La loi, ce sont nos députés qui la votent. Il est là le combat politique à mener. Il est ridicule d'aller attaquer le préfet qui n'a aucune marge de manoeuvre. Pire, si le préfet n'avait rien dit, il aurait soumis des municipalités à une insécurité juridique pour peu qu'un administré attaque en justice les aides (et là, la commune peut casquer, ça peut aller jusqu'à la destruction du bâti). Cet administré tatillon (et désagréable entendons-nous) pourrait même mettre en cause la responsabilité de l'Etat via la figure du préfet qui n'aura pas pris les mesures nécessaires.

En plus, la question est plus profonde que ça : on touche à l'un des piliers de la France, à savoir la méfiance à l'égard de l'enseignement privé (encore qu'il y ait eu des atténuations). C'est très encadré. Que fait dès lors Grosclaude dans une majorité régionale dirigée par le PS ? Il ne connait pas la position des partis de la gauche française traditionnelle sur ces questions ? Méconnaitrait-il la doxa républicaine ? Une fois de plus, un dirigeant d'Ikastola interrogé sur la même radio a montré plus de sens politique, indiquant "qu'il en avait toujours été ainsi". D'un côté, des gens qui savent que le combat à mener est contre une certaine doctrine républicaine et est donc global. De l'autre, une inconséquence politique, une contradiction dans l'engagement. Evidemment qu'il faut "infiltrer" les partis classiques français pour changer la donne du débat, mais c'est là un long combat qui exige de comprendre le raisonnement juridique et politique de l'"ennemi".

Dernière minute : la loi sur l'aranais adoptée

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En complément à ce que je pouvais indiquer, voici la suite des ingérences occitano-catalanes avec la loi sur l'aranais qui vient d'être adoptée. Propos intolérables de Carod-Rovira sur la loi qui assure désormais "l'unité scientifique de la langue". Que's hè insuportable e que'n soi hart d'aqueras maniganças.

Lien vers le site du Parlement de Catalogne
Lien vers le projet de loi adopté aujourd'hui

" El vicepresident del govern, Josep-Lluís Carod-Rovira, ha presentat el projecte de llei de l'aranès, que ha de vetllar per la "supervivència de la llengua occitana" per mitjà de la protecció i la garantia dels drets lingüístics dels aranesos i la unitat científica de la llengua. Per Carod, es tracta d'una "llei de reconducció històrica per donar a l'occità una protecció de la qual no ha gaudit mai". El vicepresident del govern ha qualificat l'aranès de "testimoni viu d'una de les grans cultures emblemàtiques de la construcció europea" i, en aquesta llengua, ha explicat que la nova legislació protegeix la parla i li dóna garanties per fer-la present en diferents àmbits.

La llei fomenta l'aranès i en regula l'oficialitat i l'ús a les institucions, els mitjans de comunicació, l'ensenyament i la toponímia, entre altres. La iniciativa compleix el mandat de l'estatut que declara l'oficialitat a Catalunya de l'occità, denominat 'aranès' a l'Aran. L'organisme, independent, que en fixarà les regles serà l'Institut d'Estudis Aranesos.

La llei de l'aranès s'ha aprovat per 117 vots a favor (CiU, PSC-CpC, ERC, ICV-EUiA) i 17 en contra (PPC i grup mixt). Al debat hi han intervingut els diputats Carme Vidal (CiU), el síndic d'Aran, Francesc Boya (PSC-CPC), Maria Àngels Cabasès (ERC), Rafael López (PPC), Francesc Pané (ICV-EUiA) i Carmen de Rivera (grup mixt). "

Extrait du préambule du projet de loi :

"D’acord amb la tradició de la política lingüística a Catalunya, aquest reconeixement comprèn la voluntat de col·laborar en la protecció de la unitat de la llengua occitana. Actualment la normativa de referència més difosa, i que manté els mateixos criteris de les Normes Ortografiques der Aranés aprovades per la Generalitat de Catalunya l’any 1983, és la definida per Loís Alibèrt en la Gramatica Occitana, publicada a Catalunya el 1935 i reeditada per l’Institut d’Estudis Catalans l’any 2000. A partir de l’impuls de les relacions amb altres territoris de parla occitana, la Llei pot contribuir a afavorir el desenvolupament de les accions relatives a la regulació i establiment de les directrius de l’occità."


Ajoutons également cette pétition qui circule, rédigée ainsi :

"Eth manifèst (...) inste ara Generalitat a convertir Aran, a trauèrs deth Conselh Generau e es sues institucions academiques, en “caplòc dera labor que se volgue amiar a tèrme ena Occitània de dehòra de Catalonha” entà “promòir era unificacion normativa der occitan”.

Nadau en seteme

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La dimenjada passada, qu'èri au Cultura de Lescar tà crompà'm un libe espanhòu sus Aragon en l'estile de las guidas Gallimard, dab tèxtes un drin literaris. Que'm trobavi davant lo taulèr desdeishat de musica regionau quan a man esquèrra, aperceboi lo perhiu d'ua hilha agradiva, malament guastat per l'ombreta deu son òmi a pena sortit de l'atge ingrat. Que devisavan a perpaus d'un pialòt de CD, més en mustra a l'estrem deu men taulèr. Qu'èra miraclèr : joenòts captius davant la musica deu pèis, sasits per las represas deus Beatles per coralas bigordanas. Au bèth miei deus ventorruts vestits de terlís militars e deus fans de Johnny translatats de Lilla ençà, ua vision de gràcia : los Jausèp e Maria deu Biarn que vesiavan tendrament lo lor nin jos plastic. "Allez, je te l'achète". Ua grana emocion que'm harpeja : que'm tiri de cap au pialòt, P com Pagalhós, N com Nadau, A com Ardalh, ací qu'ei la causa charmanta, la qui sagerà l'union patriotica de dus joens biarnés. "Allez je te l'achète" : qu'èra aquiu, que i a ua minuta, lo son arridolet de hemnina, lo son poder de gojatet. E lo petit Jèsus que s'aperava Christophe Maé.

Pauline, je te hais !

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Attention : avis de meurtre ! J'étrangle la prochaine personne qui utilisera "paulin,a" comme gentilé gascon pour la ville de Pau. Le mot ne figure évidemment pas chez Lespy qui ne connait, conformément à la dérivation normale de l'étymon *pal, que "palés" (tiré du latin palensis).


"Coum lous d'Ossau se disin Ossalees,
Tau medix lous de Pau se noumenten Palees."


Les gentilés "paulin,a" et "paulés,a" sont tirés du dictionnaire de Palay qui est ultérieur. Il ne fait pas de doute qu'il s'agit de formes populaires modernes, créées par fausse dérivation sur le prénom Paul qui est "Pau" en gascon, et qui travestissent les propriétés de vocalisation de cette langue. Elles sont aussi odieuses que des dérivés du genre de "canaulet" (=petit canal) sur "canau" (=canal) en lieu et place de "canalet".

Notez que la scripta béarnaise "palees" laisse entendre que la nasale étymologique était probablement nasillée, à la béarnaise. Par opposition, une prononciation "vélaire" plus classiquement ouest-gasconne (approximativement "engs") est généralement graphiée -enx (cf Navarrenx, du latin sponda navarrensis).

La raison pour laquelle les occitanistes donnent du "paulin" à toutes les sauces ne peut qu'être mis sur une certaine disposition naturelle à la cuculterie. La poésie mièvre de Fabre d'Eglantine, voilà l'occitanisation véritable. Je préfère encore le francisme "paloés".

Panneaux en occitan sur la sellette à Villeneuve-lès-Maguelone

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Le Tribunal Administratif de Montpellier a enjoint le maire de la commune de Villeneuve-lès-Maguelone de retirer les panneaux bilingues "Vilanòva de Magalona" à l'entrée de la ville.


Pour les profanes, voici résumée l'argumentation du TA :

- Le Conseil Constitutionnel a conditionné l'usage d'une autre langue que le français dans l'espace public à des "circonstances particulières". La commune est incapable de faire la preuve que la forme restituée occitane possède une quelconque légitimité historique (on peut supposer qu'une forme "félibréenne" phonétique en aurait eu une), il n'y a donc pas de "circonstances particulières", dès lors les panneaux sont illégaux.

- De plus, la graphie employée ne respecte pas le code diacritique qu'impose le Code de la Route, en l'espèce il s'agit de "ò" qui n'est pas un caractère reconnu.

C'est implacable, le juge donne 2 mois pour que les panneaux soient retirés.

Si cela part en appel puis devant le Conseil d'Etat et dans l'hypothèse où ce jugement est confirmé à chaque étape, ça va trembler dans les chaumières occitanes. En fin de compte, ce n'est pas moins que sur la légitimité de la graphie occitane que se prononce le juge.

Evidemment, les occitanistes ont ridiculisé à tort ce jugement comme étant très scrupuleux de la sécurité routière : les occitanistes ne savent donc pas lire une décision de justice, à savoir que l'annulation n'est pas fondée sur le seul Code de la Route (même si ce seul moyen suffisait) mais également sur l'interprétation que fait le juge de la jurisprudence du Conseil Constitutionnel relative aux "circonstances particulières" justifiant l'usage d'une autre langue que le français dans l'espace public. En l'espèce, le moyen utilisé par le juge est l'absence de légitimité historique, qui dès lors ne saurait fonder une circonstance particulière. Il fait assez peu de doute que la commune a mal ficelé sa défense car il doit être possible de trouver une attestation ancienne qui ressemble quelque peu à la version restituée occitane.

Reste un argument massue en appel : que faire avec les langues qui possèdent des signes diacritiques qui ne seraient pas connus du français ? Certes, le seul moyen des "circonstances particulières" suffit en l'espèce, mais quid si cette condition réunie, la graphie employée ne cadre pas avec l'orthographe du français ? Bref, ne condamne-t-on pas toute initiative de panneau bilingue dès lors que la graphie employée n'est pas conforme à celle du français ? Au fond, le juge s'il y a appel devra juger du bien-fondé graphique des langues de France, du moins dans l'espace public.

Dans tous les cas, les occitanistes sont punis pour ne pas avoir porté le débat sur le terrain de la confrontation idéologique avec ces obsédés de l'unité républicaine. Il n'y a pas de soutien populaire et le droit ne sera jamais du côté des occitanistes. Dire que ces naïfs faisaient cas des nouvelles dispositions constitutionnelles ! Evidemment, la démarche de l'association est à condamner mais voilà les conséquences d'années d'autisme, d'incapacité à viser l'ennemi. Bien fait, c'est tout ce que l'on peut dire.

Analyse "occitano-française" des élections catalanes

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La Catalogne du Tripartit a joué un rôle - à mes yeux néfaste - dans la définition des objectifs occitanistes. Avec la récente "lei der aranés", certains secteurs catalans faisaient preuve d'une ingérence assez détestable, visant à la définition dun "occitan referencial". Les élections catalanes de dimanche vont probablement changer la donne. Qu'en dire ? Il ne faut pas trop en dire évidemment : en temps de crise, après 8 années de gouvernement, l'alternance est chose classique. Le contexte espagnol global marqué par la déliquescence du PSOE n'est pas non plus indifférent. Toutefois :

- Les anciens partis de gauche constitutifs du Tripartit (socialistes, écologistes, indépendantistes de gauche) se sont tous pour le moins effondrés. La gauche est ainsi en repli comme partout en Europe (soit qu'elle ne parvient pas à retourner au pouvoir comme en Scandinavie, soit qu'elle a à mettre en place des mesures restrictives face à la crise comme en Espagne), et elle continuera de l'être tant qu'elle n'articulera pas un discours de riposte à la mondialisation (quelques pistes : marché commun européen avec protectionnisme, ...). Parallèlement, le PP fait ses meilleurs scores en Catalogne depuis la restauration de la démocratie.

- L'effondrement des indépendantistes de ERC est en partie provoqué par la multiplication des petits partis indépendantistes et l'épuisement lié au pouvoir : d'un point de vue "occitan", cela signifie que l'occitanisme perd son seul relai en Catalogne, celui qui depuis des années impulse une stratégie de coopération douteuse en mettant à profit l'arme administrative catalane pour assouvir les fantasmes d'unification linguistique sur base languedocienne. C'est l'occitan referencial, visé dans de nombreux textes, parfois à valeur législative. L'ingérence catalane dans nos affaires s'achève donc.

- C'est sans conteste la victoire de CiU : le catalanisme feutré revient au pouvoir, c'est la revanche d'un certain nationalisme, pas vraiment indépendantiste, disons provincialiste, plus soucieux de contrôler ce que la Catalogne reverse à l'Etat central que de s'enivrer de grands mots. D'un point de vue occitan, c'est là aussi un changement car CiU n'a jamais caché son désintérêt presque total pour la question occitane, désintérêt qui a pu frôler l'offense en d'autres époques, notamment par le refus de reconnaître la spécificité aranaise.

- Le parti extrémiste anti-immigrés de Josep Anglada n'entre pas au Parlement, mais à bien des titres il a marqué la campagne. Il pose à moyen terme la question de ce qu'est un ancrage local et de la survie des identités régionales dans notre monde de mouvement. La réponse donnée par "Plataforma per Catalunya" est trop violente assurément, il n'en reste pas moins que je crois que ce sera la thématique majeure en Europe, dans les années qui viennent, comme c'est déjà le cas en Flandre. Tout simplement parce que l'on ne peut pas sauvegarder une identité locale dans un monde aussi peu stable : l'alternative me semble évidente, et presque séduisante. Ou bien on cherche à freiner ces mouvements, aussi bien internes qu'externes, de manière à faire une "pause", un peu à la manière du Japon qui se ferma aux Occidentaux via les édits de fermeture du XVIIème siècle qui évita ainsi le sort des Philippines. Ou bien on accepte la donne contemporaine, on peut même s'en féliciter et l'on cherche à redéfinir quelque chose d'inédit, en l'espèce une Catalogne nouvelle, une Catalogne non plus expression simili-étatique d'un peuple au sens ethnique du terme mais une Catalogne de la citoyenneté dont l'attachement se fonde sur le respect d'institutions et marginalement sur une langue.

Henri IV, le "Béarnais" ?

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Deus biarnés, ne n'avè pas sonque lo nas !

Henri IV le "Béarnais" ? Il est certain que voilà une proposition douteuse, à deux titres. D'un point de vue culturel, le Roi de Navarre était un prince français élevé à la Cour des Valois, ainsi que l'avait été sa mère nièce de François Ier. Je me suis toujours demandé d'ailleurs ce que la conversion au protestantisme d'une partie du Béarn devait à l'âme béarnaise ou aux caprices de sa famille régnante. De toute façon, il me semble aujourd'hui que plus personne n'est dupe : les mythes autour de Henri le Béarnais sont des recréations romantiques du XIXème siècle servies à un public béarnais qui aime que l'on parle de lui.

De même, et c'est lié à qui Henri IV était culturellement, le prince navarrais était généalogiquement un prince français. On passe souvent sous silence le père du Roi : il n'y a pas une famille plus représentative de la noblesse française que les Bourbon(s?), j'ai presque envie de dire oïlique.

Côté maternel, on oublie aussi trop souvent de faire remarquer que la mère de Jeanne d'Albret était Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier ! Henri IV par les hasards de la succession dynastique s'est trouvé héritier du Royaume de France, mais maternellement, c'était un Valois et un cousin proche des derniers Rois de cette dynastie. Il va sans dire que la famille Valois, tout comme toute famille noble d'Europe, était fortement cosmopolite.

Reste le grand-père maternel : Henri d'Albret. Un certain romantisme tend à en faire un "Gascon". Cela faisait un bon moment à cette époque que les Albret n'étaient plus des brigands de la lande ... Les Albret sont alliés aux Rohan, aux Sully, déjà aux Bourbon, aux Châtillon, ... Du côté de la mère de Henri d'Albret, il s'agit de la famille de Foix qui était alliée à Louis XII. Pour le reste, elle descendait de nombreux souverains espagnols. Pour trouver un ancêtre gascon à Henri IV, il doit falloir remonter à Amanieu d'Albret au XIème siècle ... Et pour ce qui est d'un ancêtre proprement béarnais, Henri IV n'en avait pas !

Pour ce qui est de l'identité linguistique de la famille régnante navarraise, il me semble que Jeanne d'Albret, née à Paris, ne connaissait pas le gascon. Quant à son fils, il n'y a à ma connaissance aucun témoignage de l'époque tendant à nous faire croire qu'il parlait la langue, ou en tout cas qu'il en avait gardé un accent en parlant français.

Le projet "occitan" de Cussac et autres réflexions

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Voici un article intéressant qui illustre tout ce qui ne va pas dans la communication occitaniste :

"Le projet occitan de Cussac"


  • Une argumentation faible et inutile

- Pas une seule allusion au mot de "gascon", "médoquin" ou même "patois". Cela représente quoi l'occitan à Cussac (Gironde) ? A qui cela parle-t-il ? A-t-on même encore l'accent dans cette partie du Médoc ?

- L'occitan est mis au même niveau que l'anglais et les langues immigrées (en fait en deçà), toujours dans une optique d'ouverture sur le monde. Enième itération du discours gnangnan à destination de nos bons sentiments. L'occitan, une langue parmi d'autres de la diversité contemporaine. Alors pour quelle raison celle-ci plutôt qu'une autre ?

- L'occitan est vanté comme une sorte de mise à jour du logiciel pour les enfants, d'add-on peu coûteux : on désigne la classe bilingue comme une classe européenne pour maternelles qui permet un éveil de l'enfant. On en fera des génies des élèves bilingues. Vous en connaissez beaucoup des polytechniciens ou des énarques passés par les classes bilingues ? Ils cachent bien leur jeu.

- Passage obligé sur l'amour de la République, le deux ex machina français. Tout en France est valeur républicaine. L'amour, c'est la République. On n'échappe pas à la République. Surtout, ne pas la diviser : à ce titre, admirons l'habileté qui consiste à faire apprendre la langue du pays sans jamais parler d'ancrage local, de petit patriotisme. Des tartufes.


Cussac, sur les rives de la Gironde


Il est probable qu'aucun enseignant ne maîtrise le gascon dans sa version médoquine. On enverra donc une jeunette béarnaise, qui y enseignera un simili-béarnais, comme on en envoie en Agenais guyennais, ou comme les Languedociens squattent Muret. Vive l'Occitanie ...

  • L'enseignement du gascon en Guyenne agenaise : une hérésie

Reprenons notre jeune instit parachutée à Miramont-de-Guyenne, en zone guyennaise du Lot-et-Garonne (donc non-gasconne). Est-ce un sort intéressant que d'aller faire le missionnaire loin en Aquitaine - quand son statut d'instit pouvait lui procurer un poste dans les PA - pour satisfaire la lubie renaissantiste d'occitanistes locaux qui sont parvenus à vendre leur classe bilingue à des parents d'élèves soucieux de donner l'éducation la meilleure possible ? Quel est le sens de la vocation de cette jeune fille lambda qui, ayant appris le "béarnais" de ses probables ancêtres dans un souci d'ancrage local, va avec toute la bonne volonté du monde enseigner son pauvre gascon abâtardi en Guyenne, le tout au nom de l'unité occitane et de l'interchangeabilité des dialectes (sait-elle même qu'à Miramont, on ne parle pas gascon ? Sait-elle même ce qu'est le gascon ? Parle-t-on encore oc à Miramont ?).

Je suis sensible aux destinées individuelles des personnes, et je suis attristé par cette manipulation des bonnes volontés. Former en gascon une jeune fille du Béarn pour l'envoyer dans la grande Occitanie, ce n'est rien d'autre que la reproduction du schéma français de la mobilité des fonctionnaires. L'occitanisme institutionnel manipule de jeunes filles et de jeunes garçons en leur faisant miroiter des postes dans une époque de remise en question de la stabilité du métier de professeur des écoles. Pau devient la couveuse de l'Occitanie. Si je compare avec le cas basque, nous sommes une fois de plus ridicules, abstraits et inefficaces : les enseignants bilingues sont "rapatriés" au Pays Basque immédiatement où ils enseignent sans scrupules le batua, langue nationale des néo-Basques.

L'occitanisme est dans une impasse durable, son relativisme dialectal ("tous les dialectes sont également dignes") échoue sur le refus de fixer des domaines linguistiques où mener des politiques cohérentes. Les exemples sont nombreux : brassage des dialectes dans la communication officielle de la région Aquitaine, indifférence au dialecte enseigné in situ, ce qui importe c'est que ce soit de l'oc, ... Tout cela ne peut qu'aboutir à l'évaporation de ce qui reste de la Gascogne, déjà entamée sentimentalement par le midi-pyrénéïsme à l'Est. La seule solution me semble être une coupure nette avec l'occitanisme et l'élaboration d'un standard gascon sur les parlers les plus conservateurs (Philippe Lartigue a avancé la question).

Je n'ai pas posé en sus la question douloureuse de l'intérêt pratique de ces classes bilingues, à savoir qu'elles n'attirent généralement pas les enfants du pays (s'il en reste) mais bel et bien une classe sociale mobile "pavillonnaire" j'ai envie de dire, qui voit là l'opportunité dès les classes de primaire de mettre leurs enfants dans des rails plus solides. Sans oublier les comportements
nouveaux qui émergent, à savoir que les gamins de ces écoles ne reconnaissent pas dans le patois des derniers autochtones la langue qu'on leur enseigne, d'où développement d'une morgue et d'un mépris. Ceci dans l'hypothèse où il resterait des locuteurs naturels avec lesquels les gosses seraient en contact, ce qui est l'ultime tabou occitan, à savoir le refus de constater la réalité sociolinguistique désastreuse.

La situation linguistique méridionale selon Scaliger

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"Idiotismus Tectosagicus latissime patet ; ejus duae sunt summae differentiae : altera continetur in vetere Aquitania Caesaris, hoc est intra Garumnam, Pyrenaeos, et Oceanum Aquitanicum. Hic idiotismus proprie dicitur Vasconismus, multam a reliqua parte idiotismi Tectosagici discrepans, adeo ut neque commercium quotidianum, neque vicinitas, neque flumina pontibus juncta illam differentiam tollere potuerint. Reliquae partis, quae citra Garumnam in usu est, etiam multae sunt differentiae, in quibus Lemovicismus et Petrocorismus a reliquis idiomatibus valde alienus est. Denique in tota Europa non invenies, in tantis angustiis finium, tot discrepantias dialectorum."



"La langue tectosage est une langue bien répandue ; on en connaît deux variétés fort dissemblables : l'une se parle à l'intérieur des limites de l'ancienne Aquitaine de César - Garonne, Pyrénées, Golfe de Gascogne. L'idiome que l'on parle là - ou gascon - diffère considérablement de l'autre variété de l'idiome tectosage. Bien plus, ni les contacts quotidiens, ni les relations de voisinage, ni les ponts qu'on jette sur les fleuves ne paraissent susceptibles de supprimer cette différence. Dans l'usage des régions situées de l'autre côté de la Garonne, il existe aussi bien des variétés ; le limousin et le périgourdin y diffèrent fort du reste. Bref, nulle part en Europe, on ne trouverait une aussi grande différenciation dialectale sur un territoire aussi restreint."

Scaliger (1540-1609) in Diatriba de hodiernis francorum linguis


Scaliger


Que dire brièvement ?

- Scaliger nomme ce que nous appelons "occitan" "idiome tectosage", ce faisant il poursuit l'identification entre Languedoc et ancienne cité des Volques, continuité bien réelle au demeurant.

- Scaliger affirme l'irréductible distinction du gascon, à peu près à la même époque que Pey de Garros (cf "Tout était là au XVIème siècle"). Il délimite lui aussi sentimentalement ce pays où se parle le "vasconismus", à savoir le gascon.

- Scaliger affirme que le limousin et le périgourdin (ce que l'on appelle le nord-occitan au fond) sont également fort distincts.

- Scaliger possède l'intuition qu'en Gaule méridionale, une formidable mosaïque de langues existe, sans équivalent en Europe. A mon avis, c'est une exagération car s'il est vrai que l'étendue des domaines castillan ou oïlique est impressionnante (mais cela est la cause du terrain et de la poussée formidable d'un pouvoir central), la variation en Italie est grande.

Source : "Joseph-Juste Scaliger : Diatriba de hodiernis francorum linguis" par C.Anatole et J.C.Dinguirard in Via Domitia XX-XXI (1978).
Cité in "Does a common language mean a shared allegiance? Language, identity, geography and
their links with polities. The cases of Gascony and Brittany" par G.Pépin.

Road-trip en Espagne du Nord (Août 2011) - Premier Jour : de Hendaye à Santander (Cantabrie)

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Vous pouvez suivre la première partie de mon "road-trip" en Espagne septentrionale sur le lien suivant :

Giri's 2011 road trip aka "Giri en España" / Day 1 : from Hendaye to Santander (Cantabria)




Les commentaires sont en anglais, je suis disposé à traduire, voire à héberger ici même les photos si cela intéresse certains lecteurs. Quelques remarques ethno-culturelles qui me semblent importantes sur ce premier jour destiné à rallier Santander, capitale de la Cantabrie :

- Les Etats-Nations au XIXème siècle ont fortement fait dévier la trajectoire des terres basques selon leur appartenance étatique. Qu'on le veuille ou non, Basques "espagnols" et Basques "français" possèdent des traits divergents saillants, ne serait-ce que dans la manière de gérer un territoire, voire le rythme de vie. Le cadre juridique influe sur une société. Nous le constaterons plus tard, au jour 5 du voyage dans les environs de Pasaia.

- L'Espagne est un pays formidable, dynamique, grandiose, envoutant : où que l'on aille des montagnes, des villes qui paraissent gigantesques. L'Espagne, ce sont des autoroutes qui surplombent la mer, des montagnes arasées pour fournir de la matière première, ... On est loin du maniérisme français si bien incarné dans l'imaginaire rurbain du petit pavillon banlieusard. La propreté est illustrative : l'Espagne est un pays propre, dans ses rues, ses campagnes, pas de bourgeoisie à caniche.

- D'un point de vue culturel, il est manifeste que "Hegoalde" constitue une nation qui fait montre de sa distinction en tout lieu, par le bilinguisme total, voire l'unilinguisme basque. La culture vernaculaire cantabre parait moins évidente, pour cause, elle constitue une partie intégrante de la culture castillane originelle. Cependant, on voit ci et là le drapeau nationaliste cantabre au lábaro. Par contre, partout le drapeau officiel. On voudrait la même chose en France, mais est-ce à dire qu'il faudrait supporter l'ignoble logo de la région Aquitaine en façade des administrations ?

- De manière plus sentimentale et géographique, la Cantabrie est un pays familier pour un Gascon : les paysages ressemblent sensiblement aux nôtres, vert immuable, champs de maïs, montagnes en arrière-plan. Pour ce qui est de l'architecture, il n'y a pour ainsi dire aucune différence notable avec le Pays Basque voisin. J'en dirai plus sur la Cantabrie prochainement et en quoi l'imaginaire vascon est plus fort que le projet occitan.




Road-trip en Espagne du Nord (Août 2011) - Deuxième Jour : de Santander (Cantabrie) à Gijón (Asturies)

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Vous pouvez suivre la deuxième partie de mon "road-trip" en Espagne septentrionale sur le lien suivant :

Giri's 2011 road trip aka "Giri en España" / Day 2 : from Santander (Cantabria) to Gijón (Asturias)




Les commentaires sont toujours en anglais, je suis toujours disposé à traduire, voire à héberger ici même les photos si cela intéresse certains lecteurs. Quelques remarques :

- Bien que similaires somme toute, la Cantabrie et les Asturies se distinguent quelque peu, d'un point de vue géographique évidemment (les Asturies, en somme, ce sont les Pyrénées centrales qui tomberaient dans la mer quand la Cantabrie reste plus fidèle au canevas "basque" des moutonnements), mais également de l'ambiance qui peut se dégager, notamment à Gijón qui véritablement donne l'impression d'un univers espagnol maritime assez distinct - on pourrait s'imaginer en Uruguay du moins tel que je l'imagine - de la Biarritz espagnole qu'est Santander. Et encore, au deuxième jour, je n'ai pas encore vu les Asturies minières.

- Lors de la traversée de la Cantabrie, on ne peut que remarquer l'omniprésence du style architectural que l'on appelle parfois "vascon" dans certains cercles. Des vieilles villes comme Santillana ou San Vicente sont faites intégralement de telles maisons. La similitude avec le Pays Basque est frappante. Tellement frappante que par souci de se distinguer, j'ai pu constater que des mouvements cantabres entendaient mettre en avant une identité celtique. Bref, après la Galice et les Asturies, c'est au tour de la Cantabrie d'être contaminée par ce celticisme stupide sur fond de culture irlandaise américanisée, alors qu'il y a autrement plus de fierté à être l'un des berceaux de ce qui deviendra la vieille Castille (et dans le cas de la Galice, du Portugal).

"La Gascouigno desoulado"

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Je viens d'acheter "La Gascouigno desoulado" aux éditions Letras d'oc, un texte par un dénommé Lasplaces sous le règne de Louis XIV, qui fait la litanie des ravages de la Fronde en Gascogne, de Toulouse à Bordeaux, en passant par Pau, même s'il s'agit surtout d'une évocation de la Gascogne garonnaise et du Gers moderne.

Sont très intéressantes les formes données par le curé Lasplaces des villages. Ainsi, Agen est dit « Agens » de manière assez curieuse, alors que Bordeaux est « Bourdeus » (comme en catalan et espagnol en somme, avec la réadaptation du –s final qui n'est pas étymologique, et est probablement une influence francisante).

Aiguillon est dit Aguilhon, comme si le o final avec nasale n'avait pas encore été fermé en –oun (il y a d'autres exemples jusqu'au XVIIIème siècle). Bajonette se dit Baiouneto et Goujon Gouioun, confirmation que j se prononçait y partout en Gascogne en des temps pas si anciens. L'abbé Lasplaces graphie le v intervocalique u : Billonauo par exemple. Casteljaloux est bien Castetgelous, Astaffort est Estahort mais Fontenilles et Fonsorbes sont Fountanilhos et Founsorbos.

Fals en Bruilhois est Hals (ce qui sous-entend je suppose Halhs) car dans le même texte, Fieux est Hius. La Sauvetat (32) est La Saubedat avec une intéressante forme sonorisée. Lachapelle est Lacapero. On a confirmation que Lavardens est Lauardens et que le n final dans Lèguevin se prononçait à l'époque, en tout cas dans le gascon de Lasplaces, car il écrit Legobin.

Il y a une erreur dans le texte : Jean Eygun qui annote identifie Mouchac avec Mouchan (32) : je ne pense pas, Mouchac est seulement la forme gasconne de Moissac, sans yod. Yod qui apparait dans Seysses qui est Seissos (on attendrait en gascon Sechos). Puycasquier est Pouycasque, Pujaudran est Puiaudran (encore j prononcé y).

Enfin, confirmation finale : Tonneins en gascon est bien Tounens, et je suppose même qu'en certaines régions gasconnes, cela devait tendre vers du Tounenx. C'est en guyennais que l'on dit Tounen, car ces parlers sont plus lâches au niveau de la prononciation, déjà influencés par l'oïl en somme, en tout cas par le limousin.

"La Gascouigno desoulado" (suite)

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Je continue de relever quelques faits intéressants. Ainsi on peut trouver trois dédicaces faites par des collègues curés avec lieu d'indication de la paroisse :

A l'autur,
Amic nou't plaignés deus malurs,
Que t'an heit aquets grans boulurs,
Nou te'n plaignés pas dauantatgé,
Que certos lou Lenguadoc ;
E tout pays es au pilhatgé,
Auta plan qu'es estat toun loc.

D.Azema. Ritou de Mourassac


***

Au medis
Ny lous pistoulets a rouët,
Ny l'usatge de bieillos glaços,
Ny la bieillo gloso deu dret,
Ny d'un soulat las grans grimassos,
Ny mes lou ioc deu piperouët,
Nou se trobon pas en Lasplaces,
Soun esperit a tout lou moun,
He bese u Mercuro Gascoun

I.Landes. Ritou de Mauzac & d'Auribailh


***

Au medis
Bous meritats uno courouno,
Encaro que siatz courounat,
L'esprit de Diu à toutis douno,
A bous be boun a plat dounat,
Per iamay les mals fasets beiré,
Aus Gascous que n'ac pouirion creiré.

D.Aliens. Ritou de la Gracio Diu



Je laisse aux linguistes de la liste le soin de faire de plus amples analyses mais il est évident que les parlers de Mauressac et de Mauzac & Aurilbail sont gascons. Pour le parler de Lagrâce-Dieu, c'est plus ambigu : or Mauressac est tout à fait voisin ! Il est possible que la provevance des "ritous" (recteur je suppose) en soit la cause.

En tout cas, la langue du curé de Mauressac est pleinement gasconne : h gascon, vocalisation de l, ll final devient t, ... Remarquez que l'article toulousain masculin "le" n'est pas utilisé contrairement à la version de Lagrâce-Dieu ! Pierre Bec a montré que le h gascon dans les années 50 atteignaient toujours Mauressac, à quelques encablures de Cintegabelle.

La langue du curé de Mauzac et Auribail est également gasconne : h gascon, vocalisation du l, forme gasconne des verbes ("bese" là où Lagrâce-Dieu a "beiré"). Remarquez dans les trois textes que "j" à l'initiale se prononce "y" : "lou ioc" à Mauzac, "iamay" à Lagrâce-Dieu.

Difficile de tirer des conclusions de textes dont on ne sait rien des auteurs, mais en tout cas, il y a discontinuité évidente entre la langue utilisée par le curé de Lagrâce-Dieu et celle du curé de Mauressac, paroisses voisines.

ALG : Mézin (47)

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Première tentative de sous-titrage des données sonores de l'Atlas Linguistique de Gascogne avec Mézin (47) : à terme, je tenterai de mettre en ligne de la sorte tous les fichiers, mais cela demande du temps ... Le but est de porter à la connaissance du jeune public des enregistrements qui permettent de se faire une idée de l'ancienne prosodie gasconne, ainsi que de la prononciation, de manière à ce que les néo-locuteurs améliorent leur langue.



Toulouse 1920-1940 : La Ville et ses architectes (compte-rendu de lecture)

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J'ai acheté le livre "Toulouse 1920-1940. La Ville et ses architectes" qui est relativement intéressant sur une période qui a vu dans les villes du Sud-Ouest une véritable expérience de renouveau régional, via l'Art-Déco.


Cependant, ce livre, qui est écrit par l'école d'architecture de la ville, est de manière assez surprenante, très sévère avec le style néo-basque inspiré d'Arnaga.
Pour résumer, il est nié tout caractère régional à ce style, assimilé au rêve de vacances des anciens ruraux qui nieraient leurs racines.
Je crois que l'on a un exemple de plus du manque cruel d'études sur la question du style néo-basque.

A la lecture du livre, la seule Toulouse qui existerait serait ce mirage de briques réinventé au XIXème siècle.
Les auteurs du livre n'ont absolument pas conscience qu'à quelques encablures de Toulouse, en Lomagne, en Volvestre, partout des maisons rurales vasconnes, en tout point semblables aux maisons basques, en tout cas dans l'aspect général.
La maison néo-basque sur Toulouse, loin d'être la honte des origines, est au contraire un style profondément populaire, opposé au fond au renaissantisme snob néo-Hôtel d'Assezat.

Le livre date de 1991. Il marque le retournement idéologique des années 90 qui a fait le procès des époques qui précédaient.
Aujourd'hui encore, les architectes n'ont plus conscience de la force de la maison néo-basque pour une génération de paysans venus à la ville, ce qu'elle disait de l'inconscient collectif d'une population déracinée, qui certes rêvait de mer, mais retrouvait également des formes familières.
Les architectes de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle font de Toulouse une autre ville, une ville qu'ils veulent méditerranéenne, ils ne comprennent pas que la brique est un matériau friable que l'on recouvrait d'enduit, et qui n'était utilisé qu'à défaut de carrières de pierre.
Dans le même genre, dans le livre "15 promenades dans Toulouse", l'auteur, qui est paloise, parle d'une ville qui retrouverait enfin ses couleurs en se retrouvant méditerranéenne et ensoleillée une fois les enduits enlevés, enduits qu'elle précise être le fruit de l'ancien complexe des Toulouse vis-à-vis de la grisaille bordelaise, bref la volonté d'imiter Bordeaux. C'est ridicule.

Pour conclure brièvement, je crois qu'il y a aujourd'hui tout un mouvement intellectuel qui n'a plus de vision historique honnête et qui préfère le confort des stéréotypes médiatiques à la réflexion historique.
Les conséquences visibles (provençalisation rurbaine, méditerranisation urbaine) sur les lieux que nous pouvons fréquenter me semblent lourdes de conséquence.
J'espère que comme toute mode, nous en reviendrons.
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