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Analyse rapide des résultats du 1er tour des élections présidentielles dans le Sud-Ouest

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Je me propose d'analyser très brièvement les résultats électoraux du 1er tour des élections présidentielles dans le Sud-Ouest de la France qui me semblent mettre en avant deux faits peu étudiés :

- Consolidation du vote frontiste dans la vallée de la Garonne depuis l'estuaire de la Gironde jusqu'en amont de Toulouse et émergence de nouveaux foyers de vote extrême.

- Consolidation de la dichotomie entre campagnes rurbanisées et centre-villes bobos, ce phénomène n'étant pas sans relation avec le précédent.


I - Une carte politique inchangée en apparence


Il faut dire que de prime abord, les résultats du 1er tour ne semblent pas faire émerger de nouvelles tendances : le Sud-Ouest de la France (je m'intéresse essentiellement aux régions administratives iniques dites Aquitaine et Midi-Pyrénées) reste une région de centre-gauche, conformément à son histoire politique radical-socialiste. A ce titre, le vote Hollande a eu les faveurs d'une majorité de l'électorat.


D'autres grandes tendances persistent : le Pays Basque intérieur (Soule exceptée) reste marqué par le vote à droite anciennement RPR, le vote "Inchauspé" j'ai envie de dire. Tout comme d'ailleurs l'Aveyron même si au fil des années on constate un basculement vers la gauche (pour un phénomène similaire, cf le vote breton sur 30 ans). Les Landes restent une terre de gauche, tout comme le Sud-Gironde voire le Tarn. Mais en somme, ces phénomènes ne sont pas intéressants, c'est le temps long d'une génération politique, les nouveautés à ce titre sont bien plus intéressantes car elles permettent d'induire ce qu'il en sera dans 20-30 ans.



II - Les nouvelles tendances qui dessinent l'avenir


1. Le vote abertzale au Pays Basque


Parmi ces nouvelles tendances, l'une qui retient mon attention, c'est l'importance toute relative et conjuguée du vote Poutou-Joly (jusqu'à 15%) dans le Pays Basque intérieur. Très clairement, se dessine là l'émergence d'un vote abertzale qui parvient, autant que je sache, à convertir parmi la jeunesse paysanne de Basse-Navarre et du Labourd intérieur, l'ancien vote conservateur traditionnel ex-RPR en vote alter, avec ce paradoxe de l'Histoire que ce nouveau vote est tout aussi patriote que l'ancien, je veux dire par là qu'il n'est qu'une adaptation à la nouvelle donne historique, contre un certain changement, contre une normalisation sur un modèle français (cf les luttes sur la chambre d'agriculture par exemple). De la même manière qu'au Pays Basque espagnol, le carlisme a donné le vote Amaiur d'aujourd'hui.

En tout état de cause, la constitution d'une conscience politique basque se renforce, Soule exceptée, le gouffre avec le Béarn n'a jamais été aussi grand, ce qui pose véritablement la question du dialogue politique à l'intérieur des Pyrénées-Atlantiques à l'avenir. Il ne faut évidemment pas prendre en compte les résultats de la côte, c'est une colonie de retraités franciliens.


2. Le vote frontiste dans la vallée de la Garonne


L'autre phénomène intéressant, c'est bien évidemment le vote frontiste, et sa dynamique propre dans le Sud-Ouest. J'identifie désormais une "vallée" frontiste, celle de la Garonne (en rouge).




Je me propose de faire une brève analyse de l'embouchure aux environs de Toulouse :


- En Médoc, le vote FN est très clairement la rencontre de votes qui auparavant trouvaient leur satisfaction dans d'autres candidats : le vote chasseur (ex-Nihous) et le vote viticole (ex-RPR). Les mêmes causes expliquant les mêmes conséquences, il doit être possible d'induire des raisonnements similaires pour la rive charentaise de l'estuaire ("Cognac"), le Nord-Gironde et l'Entre-Deux-Mers.


- Il faut noter que les Graves et les environs de Langon restent néanmoins fidèles au vote de gauche. La donne change dès que l'on entre en Réolais qui annonce le vote lot-et-garonnais des villes de la plaine (Marmande, Tonneins, ...). A mon sens, l'analyse est relativement claire : il s'agit d'un vote de rejet des populations immigrées en nombre important dans ces villes. Ce vote est porté par les descendants à la 3ème génération des immigrés italiens, en nombre dans cette vallée maraichère, venus "coloniser" cette terre après les massacres de 14-18, sur impulsion de la IIIème République. Il faut y ajouter l'adstrat du vote pied-noir, notamment vers Montauban. Au fond, on a là un vote assez similaire à ce qui se passe en Provence.



La nouveauté de ce vote frontiste, c'est qu'il s'étend désormais aux communes rurales aux alentours. Là aussi, il rallie le vote chasseur. Mais à mon avis, son apport le plus important provient du vote rurbain, celui des classes moyennes "blanches" déclassées qui font construire à la campagne pour pas cher leur petit pavillon dégueulasse. J'y reviendrai, je pense que c'est la constituante principale du vote FN en Toulousain.


- Toulouse est clairement perdue pour la droite et sans-doute à long terme. Les raisons sont simples, c'est la conjonction du vote banlieusard et du vote bobo du centre-ville, les classes plus huppées traditionnellement à droite ayant migré en périphérie, tandis que les classes ouvrières et moyennes "blanches", qui ont opéré un transfert du PCF/PS vers le FN, ont également été exfiltrées des villes pour des raisons foncières, se retrouvant à la campagne, condamnées à des vies de "commuteurs".


C'est donc là à mon sens les raisons du vote FN dans les vallées de la Lèze, de l'Arize, et plus généralement en Murétain et Volvestre, bref en amont de Toulouse, dans ce qui est le paradis pavillonnaire rurbain. L'exil des classes moyennes des villes a pour conséquence la consolidation d'un vote de rejet des élites traditionnelles. C'est le monde des petits entrepreneurs, des salariés déclassés qui passent leur budget en essence, des lotissements uniformes. De manière tout à fait consciente, la classe politique n'entend plus parler à cet électorat, du moins n'entendait plus le faire. Il faut dire que d'une certaine manière, toute la France institutionnelle - notamment la décentralisation mal ficelée à la française qui emporte la concurrence des communes de périphérie pour attirer les nouveaux-venus, au lieu de les concentrer en ville - est organisée de façon à favoriser ce clivage entre ville et campagne rurbaine, forcées de cohabiter dans la référence métropolitaine, mais qui développent des sociologies irrémédiablement distinctes.


Pour caricaturer les choses, disons que la France contemporaine, ce sont des métropoles constituées comme suit :

              - un  centre-ville où s'épanouit une population bobo déconnectée des enjeux réels, bénéficiant des savoirs et de la mondialisation, en communication avec le monde via un réseau de transport efficient (TGV, avion,, ...). Ces populations votent centre-gauche, écolo, centriste. Et Mélenchon parfois pour s'encanailler. Elles constituent le background culturel de l'élite française.

              - des "Bantustans" en périphérie proche où se développe une culture parallèle dite "de banlieue" (en fait, une culture mondialisée de ghetto, rendue possible par la mondialisation médiatique, la même depuis les faubourgs pakistanais de Londres jusqu'au Bronx) culture sur laquelle un service public de l'éducation déficient n'a plus prise. Ces populations votent "communautaire", en l'espèce PS, dans la mesure où les élites socialistes y ont généralement constitué leur clientèle électorale, parfois de façon très consciente (cf Terranova).

              - des villes "blanches" en périphérie lointaine, peuplées des anciennes classes laborieuses des villes, tout du moins de leurs descendants, vivant dans le rêve d'une France de propriétaires, de la tondeuse le samedi, de la piscine l'été. Ces populations ont voté Sarkozy en 2007, Le Pen en 2012.


Si l'on devait appliquer à Toulouse, ce modèle, on a bien un centre-ville bobo (Carmes, ...), des Bantustans (Le Mirail, ...) et la périphérie lointaine "blanche" (la vallée de la Garonne en amont, jusque très loin en Comminges).


Je pense que ce phénomène d'éclatement géographique a pour conséquence que pour la première fois depuis longtemps, la sociologie politique d'une région donnée colle avec sa situation géographique. Cette analyse demanderait confirmation dans d'autres métropoles. Mais aussi dans des villes petites ou moyennes : une ville comme Tonneins semble répondre à ce schéma (centre-ville encore relativement à gauche, communes rurbaines voisines comme Fauillet ou Varès pour le FN).


En tout état de cause, ce phénomène de la rurbanisation - renforcé par l'héliotropisme - expliquera dans les années à venir la montée en puissance du FN dans le Sud-Ouest de la France, à l'image de ce qui s'est passé en Provence. On constate ainsi déjà par exemple dans la Haute-Lande des foyers de pénétration très surprenants, mais qui sont bien en phase avec ce que l'on sait du boom démographique (lire : populations franciliennes fuyant la banlieue) dans cette partie du département, non loin de la côte.


Quant à la leçon politique à tirer de tout cela, l'analyse froide des données ne suffisant pas à mon sens, elle est double :

             - c'est l'échec de décennies de politiques françaises, notamment en matière d'aménagement du territoire, de politique industrielle et de décentralisation. Il faut à tout prix mettre fin à l'étalement urbain (qui de toute façon n'est pas viable, ni écologiquement, ni socialement), se doter du cadre juridique nous permettant de maintenir in situ une industrie (pourquoi pas sous la forme de coopératives ?) et revenir sur la décentralisation de 1982 qui n'a pas donné aux bons échelons les bonnes compétences (la commune ne doit plus disposer de la compétence urbanistique).

              - toute personne désireuse de se lancer dans la vie publique, de gauche comme de droite, devra tenir compte de ces données nouvelles, devra chercher à parler à l'électorat FN, ne pas l'ostraciser donc, bien au contraire, car c'est lui qui dans les années à venir déterminera les politiques à suivre ...




La chute de François Bayrou

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Il est peut-être un peu tôt pour enterrer François Bayrou. La sympathie que j’ai pour lui somme toute tend à me faire souhaiter pour lui une seconde vie politique. Mais ce qui est certain, c’est que le centre politique est mort. Il ne pouvait en être autrement : depuis plusieurs décennies, du fait de la mondialisation des flux économiques, ainsi que le prédisaient déjà les économistes classiques comme Ricardo, la classe moyenne européenne se paupérise, au profit de l’émergence de bourgeoisies « exotiques » dans l’ancien Tiers-Monde, et avec elle, disparaissent ses idéaux : l’Europe, le libéralisme politique, l’humanisme parfois un peu gnangnan.

Il ne peut y avoir de centre que dans une économie prospère et une société apaisée. Le centre, c’est une idée des années 70. En période de crise économique, il faut être tranchant, quitte à être caricatural. Si le PS et l’UMP conservent leurs positions, la gauche étant plus que jamais le choix des villes, il est assez clair que la dynamique est à l’extrême-droite, extrême-droite qui se constitue des bastions dans le Sud-Est et le Nord, en zones sinistrées ou pavillonnaires ainsi qu’analysé le mois dernier à l’occasion des présidentielles. A suivre donc.

Cependant, la chute de Bayrou est plus personnelle. Elle doit s’expliquer avant tout par des ressorts psychiques quasi communautaires : s’il a échoué nationalement, c’est qu’il a cru que la France était le Béarn. Et si aujourd’hui localement il s’effondre, c’est qu’il n’a pas su voir que le Béarn était devenu la France. 






I - Car la France n’est pas le Béarn ...


François Bayrou est béarnais. Peu de gens en France peuvent se figurer que cela ait une grande importance. Pourtant, c’est primordial. Tout comme on ne comprend pas les hésitations fautives d’un Rajoy dans la gestion de la crise Bankia si on ne sait pas qu’il est galicien. L’analyse politique perd beaucoup à ne plus prendre en compte les tempéraments ethniques.

Le Béarn, c’est le centre. Le Béarn est une création purement politique élaborée au fil des siècles, basée sur une seule chose : la fidélité aux fors. Le Béarn est un pays d’oppositions constantes : dichotomie plaine/montagne, catholiques/protestants, … Mais c’est surtout une civilisation paysanne originale qui a eu à manœuvrer des siècles durant avec une terre souvent ingrate, une civilisation assise sur la maison-souche, le droit d’ainesse intégrale, la peur terrible de la division, foncière, communautaire, politique.

Ces blessures passées, mais peut-être aussi le tempérament propre aux habitants de la région (qu’il faut analyser de manière plus générale alors sous l’angle gascon), expliquent l’émergence d’individualités particulières, qui ont avec succès transporté à la fois la hantise de la division et l’esprit maquignon et cynique de la région dans le champ politique. Certainement pas Henri IV, si cher à Bayrou : c’était un noble français, un Valois par sa mère, dont toute l’éducation a été faite à Paris. Mais Bernadotte, Barthou, Labarrère, oui.

Vus de France, ces individus passent souvent pour des opportunistes. C’est là la caractéristique première des Béarnais en politique : l’incapacité à être d’un clan. Si l’on est béarnais, on parlera d’ouverture d’esprit, de refus de se trouver inféodés, d’hommes libres. Et c’est vrai que les Béarnais sont lestes à la parole, souvent cinglants, mordants. Inconséquents.
Bayrou est de ces gens-là. Il a à peu près tout du Béarnais, jusque dans son suicide politique depuis plus d’une décennie. Ce qui passe pour de la folie à Paris est du courage en Béarn. Ou en tout cas le comportement normal de quelqu’un qui pensera avoir raison contre les autres jusqu’au bout. L’art de l’obstination a quelque chose de beau. Surtout si cela finit mal.

Bayrou aurait donc fait un formidable président du Béarn. Président d’une contrée qui aurait maintenu sa civilisation agraire, qui aurait échappé à la révolution industrielle. Le Béarn de Félicien Prué en somme. Bayrou a d’ailleurs fait un très compétent président du Conseil général : c’est sous son mandat que les grands projets comme l’A64 ont vu le jour.

François Bayrou a, à mon sens, généralisé trop vite la sociologie politique de sa petite patrie à la France toute entière. La France n’est pas la plaine de Nay. C’est un pays traversé par les idéologies, les rivalités, un pays qui s’amuse à singer la guerre civile à chaque élection pour mieux se donner à un chef charismatique, non pas rassembleur, mais qui tranche dans le vif. La France est encore très franque.

La France, ce sont des camps les uns contre les autres. C’est le seul pays avec les Etats-Unis d’Amérique où la fidélité au parti prime sur la fidélité aux idées. Partout ailleurs en Europe, il ne pose aucun problème à ce qu’en fonction de la conjoncture, telle ou telle individualité puisse s’allier à tel ou tel parti. C’est le cas des Lib-Dems au Royaume-Uni, la seule nation où l’on fait vraiment de la politique et non pas de la seule administration. Mais aussi en Espagne de partis régionaux comme le PNV ou CiU. En Allemagne bien évidemment, où jusqu’aux Verts peuvent faire bouger des majorités. Bref, c’est la norme.

La norme en Béarn très certainement aussi, du moins dans les têtes. Mais pas en France. Car la France a connu des siècles d’Ancien-Régime, la Révolution, l’Empire, les Républiques jacobines, le gaullisme, autant de régimes qui n’ont jamais été conçus que dans le seul souci d’une action publique brutale mais efficace. Les Français ne veulent plus de la IVème République, pourtant le plus beau des régimes.

François Bayrou aura donc tenté de ressusciter la IVème République, non pas la république des partis comme on se plait à la caricaturer, mais celle des notables. De province. Rad-socs toulousains, chrétiens-démocrates basco-béarnais, les mêmes. Courants discrédités. Mais Baylet aujourd’hui a eu l’intelligence, du moins pour Paris, de devenir un moignon du PS.

Bayrou a cru que son Béarn pouvait se généraliser à la France, ce qui explique sa perte nationale. Sa défaite locale s’explique par le fait que le Béarn est devenu la France.



II - Car le Béarn est devenu la France ...


La 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques, c’est plusieurs entités :


-         C’est la banlieue pavillonnaire « chic » (qui est hideuse à mon sens mais enfin, de l’avis des gens, c’est tape à l’œil donc chic) de Pau, les communes parmi les plus riches du département (Idron, Buros, …) qui s’étend vers Morlaàs : ce sont les croupes qui dominent les Pyrénées privatisées par des baraques modernes, c’est là que vivent les ingénieurs de chez Total, les militaires à la retraite, les cadres palois. Cela vote plutôt UMP.

Il est assez clair que cette banlieue paloise est sociologiquement « francisée » : elle vote aux législatives sur des thématiques nationales, ce qu’est d’ailleurs ce scrutin à l’origine. Elle ne pardonne pas à Bayrou son vote pour Hollande aux présidentielles. L’ancrage local n’a plus aucun sens, pire il est défavorable : Bayrou est un plouc pour eux. Les résultats sont clairs : l’UMP est en 2ndeposition devant Bayrou.


-         C’est la plaine de Nay, vaste contrée agricole, le pays de François Bayrou, de tradition  ancienne chrétienne sociale. Mais avec la croissance de Pau, la crise de l’agriculture, l’importance prise par Turboméca, la plaine se transforme en une extension de Pau, un lotissement géant face au Gabizos.


La plaine votait donc traditionnellement centre, démocrate-chrétien. Le PS s’est cependant bien ancré depuis des décennies. Il est clair que François Bayrou est désavoué sur ses terres. C’est dans la plaine de Nay à mon sens que la défaite de Bayrou prend le plus de sens : cette ancienne contrée agricole se tertiarise, elle vit de plus en plus des services et des commuteurs qui vont travailler à Pau. Le symbole de cette modification sociologique et démographique, c’est le McDo de Coarraze.

Bref, l’ancien électorat paysan de François Bayrou est en maison de retraite, vieillit, tandis que les nouvelles générations, petits fonctionnaires, salariés, … votent PS.


-         Enfin, le Montanérès, contrée plus rurale, où vivote une paysannerie en crise qui a toujours été conservatrice nationalement mais qui a toujours donné ses voix à Bayrou, et les donne encore. On ne peut pas dire que ce soit la partie de la circonscription la plus dynamique démographiquement …



En somme, pour résumer, il n’y a plus pour François Bayrou de prime au local. Pour une raison simple : les classes dynamiques et plus jeunes de la circonscription possèdent une sociologie politique « française ». On est de droite ou on est de gauche en fonction d’une histoire familiale mais surtout d’un statut socio-économique. Bayrou est jugé à l’aune de son positionnement national. Pour les gens de gauche, une députée PS est aussi valable, les électeurs ont intériorisé le principe gaullien du godillot. Pour ceux de droite, il s’agit de faire payer à Bayrou son vote pour Hollande. Quant au centre, il n’existe plus, car les mutations économiques contemporaines l’ont emporté.

Il reste, dans des villages reculés du plateau de Ger, à Arrien, à Lombia, à Espéchède, dans tous ces villages où je possède des ancêtres, ce que fut autrefois l’ancienne paysannerie béarnaise qui votait Bayrou. Cette même paysannerie qui désolait mes ancêtres par son immobilisme. Il est cocasse que moi, le descendant de ceux qui ont tenté de les acculturer (je suis petit-fils et fils d’instits, de militants socialos, …), je me trouve à me désoler de leur disparition, toute incarnée qu’elle est par l’évanouissement de la Bayrouïe, dernier avatar d’une originalité béarnaise balayée par le sens de l’Histoire. Vae victis.

Bribes de vasconnité : mes résultats génétiques "Oracle"

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Voici un texte en anglais sur mon blog d'anthropologie autour des résultats du test Oracle.

My Oracle results (Population Sharing)

Je vous conseille d'aller sur le lien. Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais, un petit résumé :

- Les résultats d'Oracle donnent des distances d'affinité génétique avec  d'autres populations.

Indifféremment du calculateur utilisé (c'est de la tambouille interne, l'un est plus centré sur l'Europe, c'est de la tambouille interne), on retrouve les mêmes  populations avec lesquelles je suis proche : d'abord les  Basques espagnols, puis les Basques français (avec le problème posé par l'un des échantillons, cf le  texte en anglais), puis les Aragonais et les Cantabres.

Confirmation en tout cas de l'existence d'un espace génétique  franco-cantabrique, lié à l'ancienne extension de la langue basque. Le "Gascon"  du piémont pyrénéen que je suis, plus de deux millénaires après, est plus proche génétiquement des Cantabres (venus aider les Aquitains contre Rome) que des  autres Français (encore qu'on aurait besoin d'échantillons régionaux).


World9 Calculator


- Les résultats d'Oracle permettent aussi de fabriquer des "fantômes", à savoir  des populations imaginaires constituées de deux autres populations pour une  meilleure approximation.

Au delà des différences des deux calculateurs, il apparait surtout que la base  reste "basque" complétée par une autre population, d'autant plus lointaine que  la composante basque est forte.

Il me semble intéressant de voir que je peux être résumé à un mélange 60%  Basque, 40% Catalan, ce qui est quasi ma position de naissance. Mon approximation la plus fiable reste cependant celle d'un Basque espagnol (97%) avec 3% de ma variabilité génétique s'expliquant mieux par une population du Moyen-Orient (lire : migrations des premiers agriculteurs au Néolithique). Il faut manier ces résultats avec un peu de distance, mais dans tous les cas, ils confirment  l'appartenance du monde sud-gascon pyrénéen à l'espace génétique basque.


World9 Calculator


Bref, tout devient cohérent : l'architecture, les mythes, les faciès, la langue, ancienne comme romane, ... bref tout ce qui lie Aquitaine ancienne, Cantabrie,  Haut-Aragon et pays basques se reflète dans une même origine ethnique que la  génétique nous permet d'appréhender. Et plus loin, parmi les populations non-vasconnes, le fait que les Catalans sont  la population avec laquelle "nous" partageons génétiquement le plus tend à confirmer que l'ibérien n'était qu'un basque de la côte méditerranéenne, probablement déformé par le contact avec la langue des migrants en provenance du  Levant, qui fondèrent des villes.

Bien évidemment, nous aurions besoin d'autres échantillons génétiques !

Contactez-moi si vous êtes intéressés.

Analyse concise des élections en Galice et au Pays Basque

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Les médias français ne comprennent rien à l'Espagne. Plus particulièrement à la politique espagnole. Ainsi, Rajoy sortirait confirmé des élections en Galice et les nationalistes basques de gauche feraient une "percée". S'il est une leçon qu'il faut tirer des élections en Galice et au Pays Basque, c'est plutôt celle du statu quo.



La Galice, bastion conservateur


La Galice est une région traditionnellement conservatrice. C'est la région du défunt Fraga. Une sorte d'Alsace espagnole, ou peut-être pour une analogie plus correcte, d'Ouest français des Trente Glorieuses, d'avant les années 2000 (qui ont vu en France la gauche prendre l'Ouest rural anciennement démocrate-chrétien tandis que l'Est urbain, de la Lorraine à la Provence, sur substrat communiste, ouvriériste et tribunicien, passait à l'UMP voire au FN, car subissant de plein fouet la mondialisation). La Galice, un mix entre catholicisme, ruralité, paternalisme économique, ...





Quelle leçon alors tirer du fait qu'une région conservatrice vote pour un candidat conservateur, en l'espèce Alberto Núñez Feijóo ? Aucune. Cela ne peut rien signifier nationalement, sauf à la marge pour l'aura personnelle de Feijóo, possible successeur de Rajoy au PP ... Cela a aussi peu de signification que la victoire socialiste aux élections andalouses d'il y a quelques mois : l'Andalousie est le Nord-Pas-de-Calais de l'Espagne. Cela ne signifie en tout cas rien du soutien des Espagnols à la politique économique de Mariano Rajoy, politique au demeurant bien contrainte par les conditions internationales.

La façon, par contre, dont le vote de gauche se répartit plus équitablement en faveur de petits partis (bloc écolo-communiste d'AGE, indépendantistes de BNG), au détriment du PSOE, est plus intéressante, encore que ce ne soit là qu'une illustration banale du discrédit du parti socialiste en Espagne après des années de pouvoir.

Le bipartisme ne tardera pas à ressusciter le PSOE quand le PP sera à son tour en bout de course au national. On annonce régulièrement la mort de ces partis, en oubliant toujours que des alternatives crédibles ne peuvent émerger du fait du système électoral bipartisan. Bien entendu, à l'interne, après une telle défaite, les ambitions de certains socialistes, mis sur la touche par Alfredo Pérez Rubalcaba lors du dernier congrès, vont poindre. Appels classiques au changement de génération. On a connu ça en France après des élections régionales ou des élections européennes.

Quant au nationalisme galicien de gauche, il reste à son niveau de base, son étiage maximal, à savoir 25% des votes.




La communauté basque, rien de nouveau


Les médias français comprennent encore moins la politique basque. 






Le parti nationaliste basque (PNV) de centre-droit retrouve donc le pouvoir avec une majorité de sièges, après une mandature dans l'opposition. De quelle opposition s'agissait-il ? Le PNV était déjà majoritaire aux dernières élections. Seulement, les partis nationalistes de gauche, accusés de connivence avec ETA, n'avaient pu participer aux élections, car illégalisés : dès lors, une situation inédite fut possible, à savoir un pacte entre le PSOE et le PP face au seul PNV qui mena au pouvoir un socialiste, en l'espèce Patxi López, lors d'un scrutin boycotté par les électeurs nationalistes de gauche.

Comment qualifier un tel pacte ? Contre-nature assurément. Constitutionnaliste disaient ses défenseurs d'alors : face au nationalisme du PNV qui s'était matérialisé dans le plan Ibarretxe, un front unitaire était nécessaire. Bien entendu, le pacte n'a pas duré, surtout dès lors que le PP prenait le pouvoir au national et que PP et PSOE n'étaient plus d'accord sur la ligne économique, tandis qu'ils étaient contraints à l'alliance au local. 3 ans en tout, la situation était intenable. D'où les nouvelles élections.

Parallèlement, le Tribunal constitutionnel espagnol a légalisé les partis nationalistes de gauche. Dès lors, les résultats d'hier reflètent ce que la situation aurait toujours dû être : un PNV plutôt dominateur (notamment dans son bastion de Biscaye) face à d'autres partis (PP, PSOE, ...) avec lesquels ponctuellement, il cherchera des alliances.

Le résultat de la coalition de gauche indépendantiste, appelée EH Bildu, n'est en rien surprenant : parler de "percée" est une analyse erronée, il s'agit seulement du niveau normal du nationalisme basque de gauche, très puissant et sociologiquement ancré en Guipúzcoa par exemple, comme les élections municipales d'il y a quelques mois ont pu déjà le prouver. Déjà, on entend des figures nationales du PP type Esperanza Aguirre dire qu'il ne fallait pas légaliser Bildu. A la vérité, Madrid ne pouvait pas plus longtemps ignorer une réalité sociétale, à savoir le support populaire pour les partis de la gauche indépendantiste au Pays Basque : il ne sert à rien de casser le thermomètre si le temps ne nous plait pas.

Peut-on imaginer un pacte entre le PNV et Bildu, en somme un pacte nationaliste face aux partis constitutionnalistes (PP-PSOE) ? Probablement pas, Iñigo Urkullu, chef de file du PNV et futur lehendakari, a fait sa campagne sur des thématiques de centre, axée sur l'économie. Au demeurant, il n'est pas de l'intérêt du PNV d'aider Bildu à progresser encore, d'autant plus que Bildu gère de grandes villes comme Saint-Sébastien, et que la stratégie du PNV est plutôt de laisser les nationalistes de gauche se perdre dans la gestion quotidienne d'exécutifs locaux. Leur donner le pouvoir ponctuellement pour qu'ils déçoivent leur électorat en fait.



In fine, seules des circonstances exceptionnelles (sécession de la Catalogne ?) pourraient précipiter une alliance nationaliste entre le PNV et Bildu ... Cela ne risque pas d'arriver en l'état de crise dans laquelle se trouvent les communautés espagnoles. Le PNV va donc se contenter de faire ce qu'il fait depuis des décennies, de la politique qu'en France l'on dirait de la IVème République. C'est peut-être aussi bien.

"Thérèse Desqueyroux" par Claude Miller

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Mauriac est depuis longtemps l'un de mes auteurs préférés, non pas véritablement pour son style, qui frôle parfois la préciosité ("Le Mystère Frontenac" est à ce titre proprement illisible), mais pour ses thèmes de prédilection : la déliquescence de la bourgeoisie catholique de la lande bordelaise, l'âpreté au gain et l'émancipation des femmes. Je dois concéder être souvent plus sensible à la volonté de démonstration qu'au brio proprement littéraire, encore que Mauriac ne soit jamais dépourvu de ce dernier.


Thérèse Desqueyroux est le roman le plus connu de Mauriac, je n'ajouterai pas sur ce que l'on peut dire du livre en lui-même et qui a été rebattu ailleurs : il s'agit du portrait d'une femme de la bourgeoisie terrienne de la lande bordelaise qui empoisonne son mari dans un élan de liberté et de rejet du milieu stéréotypé dont elle est issue. Rien que de très classique : le roman traite de l'inadéquation d'un individu avec sa classe sociale, un individu pris au piège des codes empesés de celui-ci, et plus au loin, de la souffrance intellectuelle d'une femme dans un milieu d'hommes sans grandeur et de femmes soumises, en somme c'est le récit d'un être complexe au sein de la "race implacable des simples".


Le roman vient de connaître une (nouvelle) adaptation cinématographique par le défunt Claude Miller, c'est à celle-ci que je m'intéresse.



Le casting et les lieux


Il me semble que les deux premiers rôles sont assez bien choisis. Audrey Tautou possède l'âpreté de Thérèse tandis que Lellouche, grimé en bourgeois pataud des années 20, est parfaitement crédible. Tautou, probablement l'un des plus beau visages du cinéma français, loin des têtes de brochet des starlettes blondinettes du cinéma d'auteur français (les Léa Seydoux et autres Mélani Thiéry), captive par la dureté de ses expressions.


L'une des clés du roman de Mauriac est l'opposition physique entre Bernard Desqueyroux, le mari, l'homme de la lande, le descendant d'une lignée qui se veut honorable quand elle ne descend que de bergers, et Jean Azevedo, l'amant qui ne sera pas, l'homme de la ville, cosmopolite, au racines mêlées et inquiétantes même pour l'époque. Lellouche incarne très bien physiquement l'absence presque ethnique de grâce de ces bourgeois de la lande qu'une moustache bien entretenue tente de lisser : gros nez, têtes en triangle, lèvres fines sans charme, ... Par opposition, Stanley Weber est l'incarnation de la vigueur méditerranéenne, du charme presque exotique, la passion que cherche Thérèse et à laquelle seule semble avoir le droit sa belle-sœur qui n'y comprend pourtant rien.


Cependant, le casting des seconds rôles est plus déficient : je trouve que Francis Perrin n'est pas du tout dans le rôle de Larroque, le père de Thérèse, politique radical, pas plus que je ne trouve le couple des beaux-parents La Trave crédibles. Encore moins le couple de domestiques Balion et Balionte. Car il manque deux choses qui ancreraient ces personnages dans leur milieu : les tronches et les accents.


La disparition de l'accent gascon de ces incarnations girondines est une grave erreur : d'une part, l'accent d'un Bernard jouait pour Thérèse un effet de répulsion. Gille Lellouche parle avec un accent parisien qui cadre mal avec le personnage. En tout état de cause, on imagine assez mal cette bourgeoisie du Bazadais (dit "Sud-Gironde" de nos jours) sans l'accent d'un Jean Lacouture pour prendre un exemple connu en France probablement léger et effacé ou à la Manciet s'exprimant en français, au moins pour les personnages de Larroque et de Thérèse, en comparaison de ce qu'aurait dû être la prosodie du personnage du maire, de la tante Clara et des domestiques. Balionte dans le roman ne traite-t-elle pas Thérèse de "feignantasse" ?


Dans le même état d'esprit, les lieux choisis alternent le bon et le moins bon. La lande est admirablement filmée : sous le soleil, c'est le pays le plus beau du monde, le pin comme bâton dressé ; par vilain temps, ces mêmes arbres de vie se muent en cotons-tiges oppressants et souffreteux, la lande est lugubre. L'image rend parfaitement cette dichotomie si surprenante. Pour autant, le château choisi pour illustrer La Trave ne convient absolument pas : il est loin d'être représentatif des grosses demeures bourgeoises des Graves et de la lande girondine, une vraie erreur. Il en va de même du choix de transporter l'action judiciaire à Bordeaux en lieu et place de Bazas : le récit n'y gagne rien.


Le récit


Le roman de Mauriac est célèbre pour être construit pour sa moitié autour d'un flash-back : dès le début, Thérèse est acquittée et sur le trajet entre Bazas et la maison de Saint-Clair, celle-ci se remémore les événements qui l'ont poussée à tenter d'empoisonner son mari.


C'était la grande force du roman : dès le début, on savait que Thérèse allait au devant de quelque chose de nouveau, qui serait développé dans une seconde partie. Il est assez incompréhensible que Claude Miller ait pensé pouvoir s'émanciper de la structure du roman, en préférant une structure chronologique, de l'enfance à la délivrance à Paris. Probablement que le flash-back est en langage cinématographique trop convenu.


De ce fait, la force de l'acquittement perd de sa puissance, en procédant chronologiquement, Claude Miller semble vouloir nous expliquer les raisons objectives pour lesquelles Thérèse empoisonne Bernard, alors qu'au fond, la beauté du roman de Mauriac reposait sur la reconstruction subjective des événements qui avaient amené cette fille des pins à renier son milieu : comme elle le dira elle-même à Bernard dans ce qui, à mes yeux, est le plus beau dénouement d'un roman qui soit, elle savait ce qu'elle ne voulait pas. Claude Miller commet l'erreur de décentrer le récit de son film du personnage de Thérèse qui ne devient primordiale que dans la seconde partie du film.


Claude Miller n'a retiré du roman de Mauriac que l'aspect sociologique, parfaitement rendu il faut dire : au delà du manque de vraisemblance de cette bourgeoise landaise de 1928 parisianisée pour le public de 2012, l'aspect suffoquant de ce milieu catholique éclate aux yeux du spectateur. Mais Claude Miller a raté le subjectif : Thérèse n'est pas incarnée, peut-être en partie du fait qu'Audrey Tautou est dirigée avec trop de sècheresse, cette femme complexe, intelligente, peut-être même limitée au fond, qui ne sait pas ce qu'elle veut, cette femme prise au piège des aspirations méthodiques et rationnelles de ses semblables, n'existe pas, n'est pas le personnage central du film. Mauriac, pour paraphraser Flaubert, aimait à se demander s'il était Thérèse Desqueyroux, ce qui est certain c'est que Claude Miller ne l'est pas.

La vitalité du gascon d'après l'ALG (Gironde)

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La localisation des points de l'ALG, tome I, donne une indication quant à la vitalité du gascon dans les années 50 dans de nombreuses zones, on peut regretter qu'il n'en soit pas dit plus.

Je commence cette série d'articles par la Gironde, le département le plus septentrional où le gascon fut parlé sur la majeure partie du territoire départemental, à côté du parler d'oïl dit gavache du Nord-Gironde et de l'enclave dite de la Petite Gavacherie, autour de Monségur, formée par la migration de laboureurs poitevins à partir du 15ème siècle.

Les indications géographiques entre parenthèses sont de moi.



Grande et Petite Gavacheries :


Saint-Savin-de-Blaye (Grande Gavacherie) : "L'ancien patois du bourg de Saint-Savin est encore parlé dans les "Landes", hameaux dispersés."

Les Peintures (Gavacherie) : "Sur la carte, le point correspond à Abzac ; mais le patois ayant disparu de cette commune, il a fallu transporter le lieu de l'enquête aux Peintures."

Saint-Vivien-de-Monségur (Petite Gavacherie) : "Seuls les sujets de plus de 40 ans parlent encore le gavache."



Nord-Gironde gasconophone :


Saint-André-de-Cubzac (Cubzadais) : "Enquête difficile et peu sûre, sujets impossibles à trouver ; cette famille est absolument isolée. Zone frontière où les dialectes ont à peu près disparu ; population mobile."

Puynormand (Libournais) : "Le dialecte occitan n'est plus parlé que dans une dizaine de foyers. Périgourdins nombreux."



Médoc :


Saint-Yzans (Médoc) : "Il ne reste qu'une dizaine de vieillards parlant le patois quand ils se rencontrent."

Lacanau (Médoc) : "Dans l'agglomération, le gascon n'est plus parlé que par les plus de 50 ans ; mais les hameaux sont gascons 100% (toutefois recul très sensible en 1953)."

Hourtin (Médoc) : "Vitalité du gascon presque nulle au bourg et faible dans les hameaux."

Castelnau-de-Médoc (Médoc) : "Le gascon n'est parlé que par les plus de 50 ans."



Entre-Deux-Mers :


La Sauve (Entre-Deux-Mers) : "[Le point limitrophe Targon] : Lalanne a dû renoncer à l'enquêter faute de bons sujets."

Blasimon (Entre-Deux-Mers) : "Tous les sujets âgés de plus de 45 ans ne parlent aujourd'hui que français."



Bazadais et Réolais :


Saint-Côme (Bazadais) : "Tout le village parle gascon, et certains enfants ne commencent à apprendre le français qu'à l'école."

Blaignac (Réolais) : "Tout le village parle gascon, sauf les enfants de l'école."

Captieux (Bazadais) : "Un quart du bourg parle gascon ; la population rurale presque entièrement gasconisante."

Pujols (Réolais) : "Vitalité du dialecte très forte."



Buch et Landes de Bordeaux :


Hostens (Landes de Bordeaux) : "Village industrialisé, nombreux étrangers : 1/10 des familles du bourg continue à parler gascon ; dans la campagne 8/10."

Saucats (Landes de Bordeaux) : "Vitalité du dialecte encore assez forte."

Salles (Buch) : "Vitalité du dialecte très forte dans toute la campagne, encore forte dans le bourg."

La Teste (Buch) : "Population extrêmement mélangée, très peu d'autochtones ; beaucoup d'immigrants landais, qui ont abâtardi le dialecte, lequel est encore uniquement parlé par les plus de 50 ans."

Saint-Symphorien (Landes de Bordeaux) : "La région s'industrialise, un tiers du bourg ne parle plus gascon ; campagne encore gasconisante pour 75% environ."



Conclusion :


Dans les années 50, le gascon était moribond en Médoc, en Entre-Deux-Mers, en Nord-Gironde où il partageait la destinée du gavache. Phénomène classique de zone frontalière : la langue nationale l'emporte sur les deux idiomes locaux.

Les années 50, c'était il y a 70 ans. Les personnes utilisée pour l'enquête étaient de la génération de mes arrières-grands-parents, nés pour certains au 19ème siècle.

Cela va donc faire 4 générations que le gascon est éteint en de nombreux petits pays de Gironde. Face à ce constat, on comprend difficilement qu'il s'en trouve encore certains pour être optimistes, voire d'autres qui refusent un gascon normatif, au nom du respect des dialectes ...

Cela est en tout cas conforme à mes observations personnelles, qui vont plus loin, puisque je pense que l'accent a également disparu de Gironde.

Seul élément de satisfaction : il est confirmé que le Bazadais maintenait mieux la langue dans les années 50. Qu'en est-il aujourd'hui ?

A la recherche du Béarn perdu

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Je suis béarnais. Du fait de ma naissance et de mon ascendance. Cela n'a pas toujours évident : je n'ai pas le souvenir, avant le collège, de m'être su béarnais. Mes camarades d'enfance aux ascendances basques, eux, l'étaient déjà, depuis la maternelle. "Je suis basque". Ils l'étaient d'autant plus que seul un grand-père qu'ils ne voyaient jamais l'était.


Mon propos n'est pas de parler de la force de l'identité basque. Je me suis découvert béarnais en lisant, peu avant l'adolescence. Béarnais au sens où le Béarn a signifié quelque chose pour moi. Pour autant, j'avais été en contact avec la culture autochtone mais celle-ci n'était dans mon esprit que celle du canton de Morlaàs. La culture vernaculaire de mes grands-parents avait pour extension géographique leur univers personnel, celui des clients de mon grand-père, artisan-plombier, celui des attaches familiales paysannes de ma grand-mère, femme au foyer. Morlaàs, Thèze, Soumoulou, guère plus loin, Lembeye est déjà un autre monde, Nay n'en parlons pas, et passer le gave de Pau n'est pas envisageable.


Quand parlait-on du "Béarn" ? Quand ma grand-mère chantonnait "Bèth cèu de Pau", mais c'était rare, elle préférait la java et Pascal Sevran. Quand mon grand-père s'essayait aux analyses économiques : pour lui, le Béarn se résumait au pays des Luys. C'est la raison pour laquelle il disait toujours qu'il pensait que le Béarn avait été un pays très pauvre. Il disait cela en comparaison de ce qu'il connaissait ailleurs dans le Sud-Ouest : il avait durablement été impressionné par la sensation d'opulence qui se dégageait des bourgades et villes du Midi toulousain (moi aussi d'ailleurs, jusqu'à ce que je vive à Toulouse, ce sera pour mon autobiographie ça). Mon grand-père se trompait : il généralisait au Béarn la situation de son micro-pays défavorisé, pays de landes, de touyas.


Bref, le Béarn était absent, il n'y avait dans ma famille maternelle aucune conscience d'un tout. La montagne était à ce titre un pays irréductiblement différent. Un pays que l'on connaissait, certes, car ma famille étant "évoluée" (que l'on m'excuse ce terme, c'était celui qui était employé), il était de tradition d'aller passer la journée à Laruns et aux Eaux-Bonnes, ce que n'auraient jamais fait les paysans, avec lesquels ma famille cousinait. Le Vic-Bilh ? C'est compliqué, il y a clairement une frontière après Monassut, c'est la zone d'influence de Lembeye, on s'y fournit en vin à la rigueur.


Ces réflexions n'ont pas grande valeur, je les écris sans les formaliser véritablement, j'entends juste faire ressentir l'ambiance identitaire dans laquelle j'ai baigné dans les années 90, au sein d'une famille pourtant ancrée localement : le Béarn, cela n'existait pas. Je pourrais dire la même chose du côté paternel, mais comme il s'agit d'instituteurs, l'exemple est moins frappant.


Le Béarn n'existait pas, le béarnais, encore moins. L'école de Saint-Jammes où j'étais scolarisé au cours élémentaire, proposait des cours dits de "béarnais", assurés par un occitaniste bien connu. Pour l'anecdote, sachez qu'en CM1, les élèves firent grève pour ne plus assister aux cours de béarnais. Gain de cause. Par peur de me retrouver seul en cours de béarnais, j'ai suivi mes camarades. J'ai fait l'expérience, pour la première fois de ma vie, du rejet par les allochtones et les autochtones acculturés (en minorité dans ce village résidentiel) de la culture locale.


Bref, j'allais manger tous les midis chez mes grands-parents à Morlaàs. Il m'arrivait de les interroger pour avoir de quoi dire en cours de béarnais, puisque l'on nous demandait de sonder nos familles afin de collecter des mots (pff, la plupart n'était pas des gosses du coin). Mon grand-père corrigeait constamment le terme de béarnais dans ma bouche pour celui de patois. Je ne comprenais pas. J'étais comme aujourd'hui les jeunes calandrons avec le terme d'occitan, à expliquer à mon grand-père qu'il fallait dire béarnais. Que c'était le vrai nom de sa langue. La dignité !


En réfléchissant à cette question, j'ai compris plus tard que la popularisation du terme de "béarnais" pour désigner le patois devait beaucoup au mouvement occitaniste des années 60-70, ainsi qu'à la dernière mouture du félibrige version Siros. On a tort de croire que les gens ordinaires restent insensibles aux modes : j'affirme que si aujourd'hui la dernière génération de locuteurs naturels qui a plus de 60 ans dit parler "béarnais", elle le doit aux proto-occitanistes qui avant de s'engager dans un tout-occitan fou à partir des années 70, avaient relevé avec succès l'idée de Béarn, son drapeau, le béarnais dans l'après-guerre.


Le félibrige, lui, avant Siros, était resté assez élitiste en somme. On faisait jouer Palay certes. Une anecdote amusante : ma grand-mère paternelle des environs de Lembeye se souvenait avoir joué La Reyente Mancade au théâtre à l'école. Il y a 10 ans, j'ai pu trouver sur le net un exemplaire de cette pièce, je l'ai offert à ma grand-mère. Elle a essayé de le lire. Elle n'est pas parvenue à lire la graphie fébusienne ! Et sa réflexion fut la suivante : "non, non, ce n'était pas ça". Elle n'a pas reconnu son patois !


Pour quelle raison fais-je état en vrac de ces histoires familiales ? C'est que je ne comprends pas d'où sortent les béarnistes béarnisants. Ceux qui disent en 2013 que les Bigourdans sont un autre peuple que les Béarnais (j'ai l'impression de lire les petits nobles de 1789, qui défendaient leur petit terroir et leurs privilèges, quand le peuple ne voulait que devenir français, il suffit de lire les cahiers de doléance), qui trouvent que le "béarnais" (lequel ?) est une langue distincte du gascon de Chalosse ou de Bigorre, ...


Longtemps, je n'ai pas compris le contexte sociologique qui avait créé cette drôle de race. J'ai pensé que ma famille, passablement francisée, plus qu'ailleurs, avait perdu son "béarnisme", j'ai théorisé un esprit ethnique évanoui chez les miens. Mais cet esprit ethnique, je l'ai cherché parmi les paysans, et je ne l'ai pas trouvé non plus, je n'ai constaté une fois de plus que du localisme, exacerbé parfois, un village comme centre de vie, l'ancien monde en somme, face à un Béarn éthéré, absent, palois, bourgeois.


Oui, bourgeois et là j'ai compris. Le béarniste béarnisant est un intellectuel qui joue au paysan. Son Béarn, son béarnais, c'est le fruit de lectures. Son patriotisme est construit, il n'est pas naturel. Il n'y a rien de désobligeant sauf qu'avec le recul, je trouve cette volonté de faire peuple un peu pathétique. Je n'aime pas qu'on me mente. Je n'aime pas qu'on se déguise derrière le bon sens populaire quand ce que l'on écrit est en fait un combat littéraire, une conviction idéologique, louables au demeurant.


Bref, le béarniste béarnisant des années 2010 est le dernier avatar du félibrige, mouvement intellectuel romantique du 19ème siècle. Et Dieu sait si le 19ème siècle a dit des bêtises. Parmi ces bêtises, le Béarn éternel, celui d'Henri IV et des baquétes, celui que les félibres jusque dans les années 30 vantaient dans le confort de leurs bibliothèques.


Voilà les raisons pour lesquelles mon Béarn n'existait pas : je suis issu du peuple béarnais, certes passablement francisé, et ma famille, comme l'immense majorité des Béarnais, est passée à côté des débats autour du patriotisme béarnais, animés par quelques littérateurs.


Dans un prochain envoi, j'essaierai de résumer brièvement les raisons qui me font dire que le Béarn n'a jamais vraiment existé, plus précisément qu'il n'a jamais été une réalité ethnique, économique, linguistique, géographique, juridique, sentimentale, ... Une absence de réalité culturelle en somme. Juste une création politique. Et cela ne me rend pas moins fier de me savoir béarnais.

[Anthropos] Le Bas-Valais (Suisse)

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[J'inaugure une série de petits articles sous la dénomination [Anthropos] : il s'agit de réflexions diverses mêlant linguistique, anthropologie et ethnologie. Je proposerai à chaque fois pour illustrer le morphotype de la région qui me sert de base pour mes réflexions.]


Le Valais, l'ancienne Vallis Poenina de l'administration romaine, le département du Simplon du temps des 130 départements napoléoniens, se divise entre Bas-Valais roman et Haut-Valais germanophone.

On pense que la germanisation du Haut-Valais, là où le Rhône prend sa source, région connue pour l'emblématique Cervin, date du VIIème siècle, sous l'influence des migrations alamannes en provenance de l'Oberland bernois.

En remontant le Rhône, on trouve les derniers hameaux romans à l'Est de Sierre, dernière grosse ville franco-provençale avant une dense forêt pour entrer en Haut-Valais.

La frontière est presque matérialisée par le lac de Géronde : c'est ce toponyme, attesté à date ancienne sous le vocable de "Gyrunda" (12ème siècle) qui a attiré mon attention. En effet, il me semble assez clair qu'il s'agit d'une des nombreuses itérations du celte *icoranda "frontière" qui servait à baliser les territoires gaulois. Aussi, la frontière entre les Sédunes du Bas-Valais et les Ubères du Haut-Valais est perpétuée, à peu de choses près, par la frontière millénaire entre Europe romane et Europe germanophone !

Les héritiers du celte *icoranda sont très nombreux en France et prennent diverses formes : le plus connu, et aussi celui auquel on ne pense pas, c'est la Gironde entre Santons et Bituriges, qui deviendra la frontière entre Saintonge et Bordelais. Le village de Gironde (33) près de Langon matérialise quant à lui la frontière entre Bazadais et Bordelais. Le hameau de Gironne à Cazères (31), sur le défilé de Boussens, celle entre les cités des Convènes et des Volques. Il est très probable que Gérone en Catalogne matérialise également une frontière.

Ailleurs en France, on trouve les très nombreux Ingrande de l'Ouest, Eygurande en Limousin et Périgord, Guirande en Quercy et Rouergue, Yvrande en Normandie, ... La quasi-totalité de ces toponymes correspondent à des paroisses de frontière selon la carte des anciens évêchés : on date généralement de la conquête romaine ces lieux-dits, en tout état de cause, ils sont la preuve d'un souci de délimitation.

Le terme "guélhou" en gascon

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 Mise à jour d'un article de 2010
 
Je tire de ma grand-mère l'expression suivante, employée à propos d'une chatte en chaleur.

/ke kourr louzz 'guèlyouss/

"guèlyous" nettement accentué sur l'initiale, presque comme en lévitation : la syllabe initiale est prononcée 2 secondes, on attend assez peu la syllabe finale au singulier (au début j'avais compris "lou guèy").

Je trouve dans le dictionnaire de Vincent Foix :

guélhou=espèce de coq

Après demande, c'est effectivement le sens initial. L'expression, employée à propos de la chatte en chaleur (décédée depuis ...) se dit donc des femmes légères qui courent les "guèlyous", les coqs.

Pour ma part, j'entends e ouvert à l'initiale et non e fermé comme l'indique Vincent Foix, qui aura pu relever le mot dans une aire de gascon noir, où la transformation è > é est standard.

En écriture alibertine, on a donc guelho/guèlho. Quid de l'étymologie ? C'est compliqué.

On pourrait envisager un processus très gascon de transformation des étymons latins via la perte de la syllabe finale du latin gallicu, accentué sur l'initiale (comme cassanu donne càssou accentué sur l'initiale) mais les formes "galh", héritière de gallicu, sont déjà attestées dans les parlers gascons.

Ma théorie est donc que ce pourrait être un emprunt à l'espagnol* : en effet, en gascon, les emprunts à l'espagnol conservent toujours leur accentuation, la finale atone -o étant alors toujours interprétée -ou.

Le mot espagnol en question est évidemment "gallo". On sait que les Aragonais et les Navarrais fréquentaient jusqu'à la moitié du XIXème siècle tous les grands marchés sud-gascons : Arzacq, Tarbes, Vic, ... On peut imaginer également que les populations pyrénéennes importaient leurs coqs en Espagne.


* : Les emprunts à l'espagnol n'ont rien de rare. En effet, ma grand-mère utilise "macho" en concurrence avec marro pour désigner le bélier reproducteur. La prononciation est fluctuante, entre /'majou/ et /'mashou/. Mais comme on trouve chez Rohlfs màtchou, emprunté à l'espagnol macho, pour "mulet", je pense dès lors qu'il s'agit du même mot.

Revenons au coq : quels sont les vocables pour désigner le coq ailleurs en Gascogne ? L'Atlas linguistique de la Gascogne nous donne la réponse (j'ai utilisé la graphie alibertine qui a l'avantage d'être englobante).
 

 

- Béarn-Landes-Bayonne-Buch-Armagnac noir-Bazadais landais :

lo/eth hasan (que) canta

NB : Albret (47) : lo hajan canta

- Bigorre-Comminges-Gers (sauf Armagnac noir)-Lomagne-Gascogne toulousaine :

lo/eth poth (que) canta

NB : Bigorre montagnarde : eth poret que canta

Notons l'existence à Aulus en Couserans d'une forme étrange "por", qui s'explique par le voisinage du fuxéen "polh"*. En effet, la forme polh fuxéenne déborde sur le Couserans (qui ne connait ailleurs que poth), dans une zone qui ne vocalise plus (le Massatois). Cette forme "polh" étant sentie comme étrangère, un masculin a été refait sur le féminin "pora" : "por".

En fait, en Vicdessos, -ll final donne l interdental. Il n'est pas possible de graphier ce son. "polh" est la forme de Foix.


 

- Gironde et pays septentrionaux :

Médoc/Haut-EDM-Bazadais garonnais : lo beguèir canta
Bordeaux/Bas-EDM/Libournais : lo biguèir canta
Confluent Lot-Garonne (47) : lo biguèr canta

Remarque : /jo/ en Petite Gavacherie, qui est jho en saitongeais gabay avec aspiration
Pénétration d'une forme jau aux abords du Marmandais en provenance de Seyches (dont on sait que c'est là que débute le "pré-limousin" à savoir le guyennais).

Face à la forme /dzaw/ du côté d'Eglisottes et Chalaure (Gironde limousinophone) existe une forme /gaw/ unique et localisée à Puynormand (33), forme fascinante illustrant le syncrétisme du mini-dialecte de ce village, aux confluences de 4 grandes zones linguistiques : poitevin-saintongeais, gascon, limousin, guyennais.

Dans tous les cas, on remarque que :

- Les formes tirées du latin gallu sont rares en vrai gascon, à l'exception de guèlhou qui pourrait être un emprunt à l'espagnol, et de la forme savante inusité galh.

- La Gascogne de l'Ouest (Béarn inclus) préfère les dérivés du latin phasianu (=faisan) ou de vicariu.

- La Gascogne de l'Est préfère les dérivés du latin pullu.


Pour finir, une définition plaisante par ma grand-mère de "guèlho" au sens figuré :



Les résultats d'Oracle

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Article un peu technique pour les béotiens, surtout que je l'ai écrit en anglais (hop, j'ai perdu tous mes lecteurs), mais ce peut être intéressant pour ceux qui s'interrogent sur l'histoire du peuplement de l'Europe de l'Ouest, et plus particulièrement de la péninsule ibérique et de la France du Sud-Ouest. J'entends résumer où nous en sommes en fait.

J'y résume grosso-modo tout ce que l'on peut dire en l'état des outils actuels sur la génétique des populations des régions susmentionnées.

Mes propres résultats, sur l'ensemble de mon génome, en proportions d'affinité avec de grands ensembles, sont les suivants :

1 Atlantic_Baltic 73.55
2 Southern 23.88
3 Caucasus_Gedrosia 2.57

Pour résumer grossièrement :

Atlantic_Baltic : Paléolithique supérieur (chasseurs-cueilleurs : maximum chez les Asturiens du Mésolithique)
Southern : Néolithique (agriculteurs : maximum chez les populations palestiniennes)
Caucasus : Âge de Bronze (Indo-Européens : maximum dans le Caucase)

Je suis donc la résultante de 3 vagues migratoires en Europe de l'Ouest, comme tous les Européens : le vieux fonds paléolithique (73%), l'apport moyen-oriental des agriculteurs (24%) et le reste (moins de 3%) les Indo-Européens, sachant que chaque vague migratoire était elle-même métissée, il faudrait donc pondérer les composantes (les barycentres !) mais passons, ce serait trop compliqué à élaborer des modèles mathématiques et je vais perdre tout le monde.

Prenons à titre de comparaison un échantillon de Basques français :

1 Atlantic_Baltic 74.40
2 Southern 24.60
3 Caucasus_Gedrosia 0.60

La différence avec mes résultats, c'est l'apport caucasien quasi négligeable chez les Basques, le reste est sensiblement similaire.

Prenons un échantillon de Français (Lyon) : "Français" ne signifie pas grand chose tant la France est diverse, mais soit.

1 Atlantic_Baltic 69.50
2 Southern 18.50
3 Caucasus_Gedrosia 10.80

Les résultats sont assez différents : le ratio Atlantic/Southern est plus important (les Français de la vallée du Rhône ont donc marginalement moins été soumis aux migrations des agriculteurs du Moyen-Orient). Par contre, le pourcentage d'influence caucasienne est très important, 10% de la variation génétique : les migrations celtiques ultérieures ont donc laissé une trace non-négligeable.

Dans l'article, je continue l'analyse d'autres populations : les Cantabres, les Aragonais, les Catalans. A chaque fois des différences, la plus notable est souvent dans l'apport caucasien que j'assimile aux migrations indo-européennes.

Chaque population européenne est donc le fruit d'une balance entre ces 3 éléments correspondant grosso-modo à 3 vagues migratoires, avec parfois d'autres apports (par exemple, un apport nord-africain en Sicile ou certaines parties de l'Ibérie). Si vous êtes intéressé par des résultats pour une population donnée, me le demander, je les fournirai s'ils existent.

Les outils informatiques permettent également désormais de développer des algorithmes qui permettent d'induire de quelle population l'on se trouve le plus proche.

Mes résultats ne sont guère intéressants, toute personne qui connait ses origines n'aura pas de grandes surprises. Les voici cependant :

1 Pais_Vasco @ 1.983
2 French_Basque @ 2.307
3 Cantabria @ 7.640
4 Aragon @ 8.369
5 French @ 9.158
6 Cataluna @ 9.231
7 Spanish @ 10.120
8 Valencia @ 10.268
9 French @ 10.682
10 Spaniards

Sans surprise, d'abord les Basques (les Gascons, dont les Béarnais, sont des Basques romanisés), puis les Cantabres, les Aragonais, les Français et les Catalans.

On peut forcer l'algorithme pour qu'il nous donne des hypothèses sur des mélanges de population. Par exemple, si l'on doit deviner mes deux parents.

1 50% Pais_Vasco +50% Pais_Vasco @ 1.983
2 50% French_Basque +50% Pais_Vasco @ 2.140
3 50% French_Basque +50% French_Basque @ 2.307
4 50% French_Basque +50% Cantabria @ 3.391
5 50% Pais_Vasco +50% Cantabria @ 3.467
6 50% French +50% French_Basque @ 3.469
7 50% French +50% Pais_Vasco @ 3.667
8 50% French_Basque +50% Aragon @ 3.827
9 50% French_Basque +50% Cataluna @ 3.874
10 50% Aragon +50% Pais_Vasco

Les résultats sont une fois de plus sans grand intérêt dans mon cas : la première approximation est celle de deux Basques espagnols, puis d'autres métissages locaux "Basque + Cantabre", "Français + Basque", ...

Vous pouvez lire dans l'article les résultats virtuels si l'on demande à l'algorithme de nous donner l'approximation sur 4 personnes. Rien de nouveau.

Dans tous les cas, ce n'est que la confirmation désormais banale que les Pyrénées n'ont jamais été une frontière puisque quelqu'un comme moi, né au Nord des Pyrénées, partage plus avec les populations juste au Sud qu'avec les autres Français (du moins, ceux de la vallée du Rhône).

Si vous êtes intéressé par ces découvertes, et que vous voulez faire partie du projet, contactez-moi ! Si mes finances me le permettent et que votre profil généalogique est intéressant, je peux même m'engager à participer financièrement, même si je dois bien confesser être plus intéressé par des vieux qui n'auraient pas beaucoup bougé de chez eux, les résultats sont bien évidemment plus révélateurs pour induire les mouvements de population.

Chanson landaise : "Con hén l'amou, les jouenes gouyates"

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On ne peut pas dire que j'ai un succès fou quand je drague en chantant pareille chanson, mais enfin, à 01h00 du mat, l'alcool aidant, sur un malentendu, on ne sait jamais.




Il s'agit d'une chanson de danse recueillie par Félix Arnaudin, qui se trouve dans le premier tome de "Chants populaires de la Grande-Lande", le seul qui était paru du vivant du folkloriste. La chanson est assez cruelle sur la sexualité des jeunes garçons (pire que "des rats dans la paille") et des vieux, mais elle a le mérite de traiter la chose en termes imagés.

En fin de compte, seules les jeunes femmes sont belles à voir, "rouges comme l'écarlate" : manifeste féministe avant l'heure, machisme de base ou tout simplement, poésie d'une autre époque ? Difficile de tirer une leçon de paroles qui n'ont au fond pas grand sens. La rengaine "Dou cap au pé, n'ét bére, Isabé" est assez jolie, surtout par l'absence du son [ɘ] si fréquent en gascon noir : le contraste avec les couplets est alors saisissant et on n'entend plus que cette phrase, "vous êtes belle, Isabée".

Voici les paroles en français :
"Quand elles font l'amour, les jeunes filles, Rouges elles sont comme l'écarlate. De la tête aux pieds, vous êtes belle, Isabée, Comme la rose, comme la rose, De la tête aux pieds, vous êtes belle, Isabée, Comme la rose au rosier.

Quand ils font l'amour, les jeunes garçons, Autant vaut les rats dans la paille. De etc...

Quand elles font l'amour, les pauvres vieilles, Autant vaut embrasser une poignée d'abeilles. De etc ...

Quand ils font l'amour, les pauvres vieux, Autant vaut une gerbe sans épis. De etc..."

D'une autre abstraction française : la fusion des régions

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Fusionner les régions, c'est la nouvelle antienne, à droite comme à gauche. Pour faire des économies dans un premier temps, pour créer des monstres économiques dans un second temps, dans le contexte de l'Europe des régions. Une idée moderne ... des années 70.



La France est un pays dont la culture politique est empoisonnée par l'absence quasi-absolue de mise en perspective historique ou géographique. Nous sommes dirigés par des énarques englués dans l'abstraction égalitariste et statistique qui découvrent, une fois parachutés dans une circonscription après leur coming-out politique, l'importance des réalités locales, jusqu'à s'en faire les défenseurs caricaturaux, ainsi que le font souvent les nouveaux convertis.

A la vérité, il ne s'agit pas de contester que l'on puisse redécouper la carte administrative d'un pays. Aussi, les oppositions de principe sont idiotes, et révèlent des crispations politiciennes. Il n'en reste pas moins que c'est à la façon avec laquelle ce découpage est pensé que l'on se rend compte, avec bien du désespoir, que la pensée de la vénérable DATAR reste prédominante à Paris.

Des économies ? Lesquelles ? J'attends un rapport très précis sur cette question. Autant que je sache, les dépenses des régions sont en majorité des dépenses contraintes issues des transferts de l'État depuis 3 décennies, le reste étant constitué de quelques dépenses d'aménagement, essentiellement à visée économique. Augmenter la taille des régions ne fera pas diminuer le nombre de personnes qui sont bénéficiaires, directement ou indirectement, de la dépense publique. Un exemple : la construction des lycées est à la charge des régions, quelles économies d'échelle sont réalisées à ce que la gestion de la création puis de l'entretien d'un lycée soit confiée à tel ou tel pôle administratif ? Sur quels points précis fait-on des économies ? La qualité du béton ?

Le seul changement, c'est le nombre de fonctionnaires nécessaires dans chaque service pour gérer les postes de dépense. Le président Hollande entend-il alors casser la fonction publique territoriale dont il est indéniable qu'elle a pris de l'ampleur depuis les années 80 ? C'est un débat, parfaitement légitime, mais alors c'est celui-ci qu'il faut avoir, pas celui hypocrite et ridicule de la taille des régions.

En effet, le débat français est aujourd'hui complètement biaisé par notre culture politique hexagonale assez médiocre, qui en est restée au damier départemental de 1789. Il importe peu qu'il y ait des petites régions ou des grandes régions, leur budget est proportionnel à leur taille, conditionné par leurs besoins. Que se passe-t-il dans la tête de nos élites pour que cette asymétrie leur paraisse à ce point inefficiente ? Alors même que la région Alsace, en pointe du développement en matière de démocratie locale, fait la preuve qu'il ne s'agit pas d'une question de taille, mais bel et bien de réalités physiques et historiques, d'atouts, qu'on ne peut passer sous silence.

Un pays est constitué de bassins de vie. On ne décrète pas les atouts. Le développement économique de telle ville, de telle région n'est pas le fruit d'incantations ou d'une organisation administrative. Ce sont les hasards de l'Histoire, le génie d'une population donnée qui expliquent le succès et les déboires, qui sont à leur tour plus ou moins durables. Croire que le redécoupage artificiel de régions, que l'on veut plus grandes, plus homogènes, induira un rattrapage est une illusion technocratique naïve, tout autant qu'elle relève d'un idéal égalitariste inquiétant, qui ne laisserait pas les régions plus talentueuses la possibilité de s'exprimer.

La France est dans la négation constante de l'existence de bassins de vie qui ne seraient pas l'espace national. Ces bassins de vie existent pourtant, formés par des réalités géographiques, des fleuves, des montagnes, des vallées, des villes qui ont des millénaires de présence. Des bassins de vie qui impliquent aussi des cultures, des langues, certes moribondes, et surtout, une destinée politique. Comment peut-on espérer que les citoyens votent à des élections régionales si la région nouvellement constituée, chargée de gérer des dossiers aussi techniques que le développement économique ou le transport ferroviaire local, n'est pas en elle-même un cadre de vie homogène, une famille étendue, un espace politique ?

La France est un pays qui crève de son abstraction. Il est temps de solder ce qu'il y a de plus minable dans l'héritage révolutionnaire : le rejet des corps intermédiaires et de l'altérité française, l'euphémisation perpétuelle du débat par le discours égalitariste et surtout, la foi quelque peu naïve dans le fait que la manière dont s'organise l'État est le facteur principal de toute croissance économique.

La réforme territoriale : pour un véritable débat

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J'ai toujours possédé un intérêt vif pour l'aménagement du territoire et, si je déplore les orientations prises pour l'instant par le débat public qui se résument à un jeu puéril de redécoupage de la carte de France, je ne peux que me féliciter néanmoins que cette thématique soit l'objet dudit débat public. De quelle manière cependant ...


- La méthode :

Je suis électeur de centre-gauche d'avant même que je puisse voter. Tradition familiale (4 générations), convictions politiques, libéralisme politique au sens classique du terme. Parce que j'ai voté Hollande, je peux dire aujourd'hui qu'il est discrédité pour exercer la fonction présidentielle : sur une question aussi prégnante que l'aménagement du territoire, qui réclame une vision de la France à long terme, des convictions profondes, une connaissance de ce pays, on ne peut pas en 2012 promettre le renforcement de l'échelon du département et réinstaurer la clause générale de compétence, pour 2 ans après proclamer la suppression des conseils généraux. Il ne s'agit pas de questions ponctuelles dictées par la conjoncture, auquel cas l'on peut admettre les rétropédalages (par exemple, la taxe à 75%), mais de questions de fond qui nous engagent sur plusieurs décennies puisque articulées à notre modèle de développement. Notre chef de l'État n'a pas d'idées précises en la matière, pas de convictions, c'est très inquiétant.

La posture de François Hollande me semble dictée foncièrement par qui il est, à savoir un pur produit de notre énarchie, qui n'a jamais vu dans la problématique de l'aménagement du territoire qu'une variable d'ajustement entre les dépenses publiques et la compétition électorale. Bref, l'organisation territoriale n'est pour le président qu'un vulgaire jeu de constitution de fiefs, que l'on réaménage au gré de la conjoncture économique, dans un mouvement de va-et-vient entre le pouvoir central et les entités décentralisées.

Pourtant, il n'en est rien : un territoire est toujours le produit d'une histoire et d'une géographie, il porte en lui des synergies entre des villes, des sites, des lieux, il est un tout cohérent fait de voies de communication naturelles qui ont entraîné des sympathies ethnoculturelles qui justifient une volonté de vivre ensemble, de monter des projets communs. Notre élite politique a à l'endroit de l'aménagement du territoire les mêmes réflexes que dans sa conception de l'économie, dans la négation des atouts naturels, de ce qui est, dans l'idée d'une omnipotence de ce qui est décrété, maquillée de keynésianisme mal compris. Bref, notre pays crève de son abstraction idéologique, l'héritage le plus déplorable de la Révolution française, à tout le moins dans sa phase de Terreur.

La méthode est donc nulle. La Suède s'est donnée 30 ans pour consolider sa réforme territoriale mais nous pensons qu'il s'agit de faire comme Napoléon III avec Paris. La méthode est donc nulle mais cela date : les différentes réformes de décentralisation ont été mises en œuvre sans cohérence, sans réflexion poussée sur le bon échelon pour la bonne compétence. Une fois de plus, l'idée a primé sur son application concrète. C'est la France, pays de la masturbation intellectuelle. Nous avons accepté le saupoudrage, la distribution des compétences, l'empilement des collectivités-doublons, ... Certes, le premier ministre fixe l'échéance de la réforme territoriale pour les années 2020, donnant l'impression qu'il faudra négocier dans les années qui viennent. Mais le président, parce qu'il doit montrer qu'il reste le patron, parce qu'il est piégé par la courte durée de son mandat et les impératifs de réélection, a accéléré l'idée de la suppression des conseils généraux.

Bien évidemment, il ne faut pas être dupe : la réforme sera longue, sauf à reprendre le projet Sarkozy dans les cartons (création des conseillers territoriaux), et de le voter en l'état. 2022 semble une échéance raisonnable. Le temps journalistique du scoop ne doit pas être celui d'une réforme conséquente, primordiale, dont il convient d'analyser le fond.


- La suppression des départements ?

Cela ne veut évidemment rien dire. Le département est l'assise de deux institutions. L'une est le préfet, organe déconcentré de l'État central, qui pour simplifier, a à sa charge l'application in concreto dans les limites du département de la politique dont la compétence ressort de l'État (politique migratoire, politique de la sécurité, ...). L'autre est le conseil général, une institution décentralisée dont l'exécutif est issu du vote des élections cantonales. Ses compétences sont en grande partie contraintes par les textes de loi, puisque l'État central a confié à cette collectivité de nombreuses dépenses obligatoires : aide sociale (RSA, ...), éducation (collèges), culture (archives départementales, ...).

Bref, supprimer les départements peut s'entendre différemment. Vous remarquerez que l'État central ne s'interroge jamais sur la nécessité de supprimer le préfet, dont certaines attributions pourraient être confiées au conseil général dans une phase de décentralisation plus poussée, ou à rebours, rapatriées vers les préfets de région (reconcentration). Puisque l'on parle d'économies, il y en a à faire là mais le lobby technocratique préfectoral est fort.

Parmi les compétences du préfet que l'on pourrait abandonner, il y a le contrôle juridique des actes des collectivités a posteriori (en effet, les tribunaux administratifs sont largement armés pour prendre à leur seule charge ce contrôle). Le maintien de l'ordre public pourrait tout à fait être confié à l'exécutif du conseil général via une police départementale, ou encore la gendarmerie. Bref, on peut être original, mais le préfet est un maillon du contrôle étatique en "province" et revenir sur cette institution serait une vraie coupure avec le modèle jacobin républicain.

Donc, on va supprimer les conseils généraux. Pour quelles économies ? C'est vraiment la question fondamentale. Supprimer les conseils généraux et les fonctionnaires qui vont avec, cela règle le problème du nombre de bénéficiaires du RSA ou de l'APA ? On ferme des collèges ? On arrête de payer les retraites des fonctionnaires territoriaux qu'on ne remplacera pas ?

La démagogie intervient alors : supprimer les CG, c'est moins d'élus grassement payés par nos impôts. Puis, dans 20 ans, on se plaindra que les centres de décision sont trop éloignés du citoyen. Bref, la suppression des conseils généraux, de prime abord, n'aura que peu d'influence sur les dépenses contraintes qu'ils prennent en charge (et pour lesquelles ils reçoivent des dotations de l'État et ne peuvent légalement voter un budget en déficit).

Restent les dépenses d'investissement des conseils généraux. Les trucs propres à eux. Le tourisme, la culture, l'aide aux assos, la voirie. C'est grandiose, hein ? Qu'on parle franchement : est-ce dans cela que l'on souhaite couper ? Que ce débat soit honnête et exposé sur la place publique. Que l'on assume alors l'arrêt d'initiatives culturelles départementales ou la fin de l'entretien, voire de l'expansion, du réseau routier ! Car c'est ça un conseil général. On peut redonner tout ça au préfet, pas de problème. On peut cesser ces dépenses, pas de problème. Mais que le problème soit intelligible : je ne suis pas opposé à une suppression des conseils généraux, j'entends seulement que l'on me dise ce qu'il adviendra de leurs compétences.


- Pour une profonde réforme territoriale

Le débat actuel à coup d'effets d'annonce (fusion des régions, suppression des conseils généraux, ...) n'est en fait pas très sérieux. Difficile de savoir ce qui relève de la stratégie politique, de l'annonce journalistique ou de la véritable volonté réformatrice. Quel modèle souhaitons-nous ?

Le projet que l'on voit se dessiner manque de cohérence. Cohérence au regard du début du quinquennat, mais je l'ai déjà dit, la personnalité du président est en cause. Mais avant tout, cohérence en soi pour tout dire. Il est parfaitement antinomique de constituer de grandes régions qui éloignent le centre de décision de l'électeur, tout en supprimant le conseil général, qui du fait de la fusion des régions, pourrait retrouver une vraie légitimité qu'il avait perdue avec la création des régions. A moins que ne soit substituée aux départements une nouvelle collectivité, instaurée sur un bassin de vie, dont la base pourrait être les intercommunalités actuelles.

La suppression du conseil général appellera fatalement la création d'un échelon intermédiaire qui devra compenser la perte de caractère local de la région et qui devra pallier aux insuffisances de la commune, le seul échelon que personne ne semble vouloir toucher alors qu'il est très certainement celui qui a le plus échoué, ne correspondant généralement en rien en une unité de vie cohérente.

J'ai eu l'occasion, par ailleurs, d'expliciter ce qui me semblerait une réforme territorial rationnelle, j'en répète les points principaux :

- Métropolisation des grandes villes françaises dans le cadre de collectivités sui generis détachées des anciens départements, dotées de la pleine capacité de lever l'impôt pour se financer.

- Suppression de l'échelon communal, substitution par de nouvelles communes sur les frontières cantonales. Compétences : urbanisme, voirie, école et collège.

- Suppression des départements, substitution par une nouvelle entité lâche qui rassemble les intercommunalités, si possible sur des frontières historiques représentant des bassins de vie. (Dans un cas qui me préoccupe, constitution d'une collectivité Béarn qui rassemblerait les cantons béarnais, devenues communes.) Il ne s'agirait pas d'une collectivité puissante mais plutôt d'une arène de discussions des cantons, qui élaboreraient des schémas de cohérence territoriale pour mettre en liaison leurs politiques.

- Je n'ai pas d'idée sur le sort de la région. Je suis ouvert au débat. Dans l'idéal, rassemblement des néo-départements sur des critères culturels et géographiques, mais quelles compétences, hors la culture et le tourisme ?

Pour le reste, de nombreuses compétences peuvent revenir à l'État, notamment tout ce qui est dépenses contraintes, dont l'aide sociale (RSA, ...). A contrario, l'État doit pleinement poursuivre sa décentralisation :

- Casser la fonction publique nationale : par exemple, dans l'éducation (jusqu'au lycée : les facs, elles, doivent être indépendantes et être insérées dans le tissu économique local, oui, c'est sale, discuter avec les entreprises), j'appelle pleinement de mes vœux l'instauration d'une véritable fonction publique territoriale avec ancrage territorial, concours territoriaux, voire même cursus éducatifs territoriaux, qui pourraient être définis par les néo-régions justement. De même la police, sur le modèle de ce qui se fait en Espagne avec les Mossos en Catalogne et l'Ertzainza au Pays Basque.

- Suppression des préfectures de département, présence d'un représentant de l'État sur de grandes régions dont le découpage sera à la discrétion de l'État. Il n'y a aucune raison que le découpage de l'État déconcentré et celui des collectivités locales dotées de la personnalité juridique collent.

Toutes ces questions méritent d'être débattues. Il manque bien évidemment à mon tableau la question du financement : les collectivités ainsi définies sont-elles viables ? L'impôt qu'elles récolteront suffira-t-il à les faire vivre ? Les métropoles devront-elles reverser sous forme de dotations des sommes, du fait qu'elles tirent profit de leur environnement naturel immédiat ? Ou inversement, sont-ce les zones non-métropolitaines qui devront financer les métropoles comme c'est le cas en Belgique avec Bruxelles qui est portée par les dotations flamande et wallonne ?

Dans tous les cas, je ne demande qu'à débattre. Je pose les termes d'une discussion que je crois plus intelligente que celle à laquelle nous avons droit. Et si ce débat n'est pas plus intelligent, je le crois au moins plus proche des vraies thématiques qui devraient nous agiter : la réforme territoriale n'est pas un jeu de redécoupage, c'est une vaste question qui implique de discuter de l'impôt, des finances publiques, de qui fait quoi, du rôle de l'élu, de l'organisation de l'État, et in fine, de qui nous sommes. Nous avons besoin de plus de 3 ans, n'en déplaise au président.

Mon analyse politique des européennes, parce que ...

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Les résultats sont tombés, et pour qui étudie la carte électorale et est au contact des gens de façon quotidienne, c’est tout sauf une surprise. La plupart des analyses faites désormais depuis une dizaine d’années se trouvent confirmées à chaque élection, à l’exception de la présidentielle de 2007 et du tour-de-force sarkozyste.


a) Une victoire écrasante, sociologiquement attendue

Le FN a remporté ces élections, pardon, ses élections. La victoire est écrasante, il est le premier parti de France, malgré l’abstention, qui d’une certaine manière, a laissé faire, passivement, tant les signaux étaient évidents depuis des semaines. La situation se dessinait depuis de longs mois, elle est amplifiée par le mode de scrutin à la proportionnelle et somme toute le caractère de défouloir de ces élections : contre Hollande, contre l’UMP de Copé.

D’un point de vue plus sociologique, les causes de ce vote FN sont multiples, j’ai eu l’occasion de les analyser lors des précédentes élections. Il semble néanmoins que le FN parvienne à aller franchement au-delà de son électorat traditionnel qui faisait l’étonnant grand-écart entre un vote tribunicien néo-communiste et étatiste dans les anciennes régions ouvrières et un vote plus classique de droite poujadiste et libérale dans le Sud-Est.

La France est désormais couverte de foyers FN, même si les résultats sont les plus éclatants là où le FN prolifère depuis de nombreuses années, à savoir dans les zones touchées par la mondialisation économique et celles où s’épanouit la civilisation rurbaine pavillonnaire de ceux qui ont quitté les métropoles.

( Mon analyse de 2012 : http://bearniaiseries.blogspot.fr/2012/04/analyse-rapide-des-resultats-du-1er.html )

Le discrédit de François Hollande n’est pas étranger à la situation. Assez clairement, l’ex-président du conseil général de Corrèze n’était pas armé pour diriger un pays comme la France, incapable d’enchanter la destinée d’un pays d’une part, étonnamment déficient sur l’analyse de nos institutions, en ce que le président Hollande n’a manifestement pas compris en 2012 qu’il ne disposait que de 5 ans pour exercer sa présidence et rentrer dans l’Histoire.

Le PS porte une large responsabilité dans son incapacité à proposer un personnel politique de qualité depuis quelques années, le parti est laminé depuis la chute du socialisme municipal il y a 2 mois. De nombreuses questions se posent pour l’avenir des partis en France : il faut questionner les liens de notre personnel politique avec l’énarchie et probablement réfléchir à des modalités aux fins d’interdire la professionnalisation à outrance du personnel politique. L’interdiction du cumul des mandats est un premier pas, il faut peut-être réfléchir à la question des parachutages politiques, à l’obligation d’avoir exercé une profession avant d‘avoir une charge politique, … Et pourquoi pas, envisager le retour d’un peu de charisme.


b) La psyché française et les foyers de résistance

En tout état de cause, il n’y a donc rien de très nouveau dans ce vote, tant les résultats étaient attendus. Le FN surfe sur un mal-être français, celui d’une Nation dont toute la psyché est celle de la nostalgie pour la grandeur évanouie et la Vème République de Papa. Dans pareil contexte, l’offre politique qui promet le retour à la Nation apaisée des années 50 a fatalement plus de succès que celle qui se propose d’accepter le monde tel qu’il est et de nouer les alliances nécessaires, alliances qui induisent fatalement des compromis, notamment sur les normes, qu’elles soient juridiques, politiques, sentimentales.

Il ne s’agit pas de nier les problèmes de la France contemporaine. Il ne s’agit certainement pas d’être angélique et de se refuser à constater les dégâts que cause la mondialisation dérégulée, y-compris sur le plan migratoire et identitaire. Ce sont des débats qui méritent d’être posés et auxquels il faut trouver des réponses. Réponses qui d’ailleurs existent déjà pour la plupart, sous la forme d’une législation européenne très complète (Dublin anyone ?).

Le mal-être identitaire est réel un peu partout, mais certains votes régionaux en France font la preuve que le vote FN, jacobin, républicaniste, nostalgique, n’est pas toujours la solution. On constate en effet clairement en des zones, certes marginales, de la carte française la mise en place de sociologies politiques concurrentes.

C’est le cas en Bretagne où le vote « bonnet rouge » forme une tache grise à cheval sur le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d’Armor. Ce vote est clairement un rejet du PS en place, mais aussi de la manière avec laquelle la Bretagne s’est insérée dans la mondialisation. La Bretagne n’a pas porté une voix FN car elle bénéficie localement d’une solution alternative qui peut prendre en charge le mécontentement, ce qui pose la question du monolithisme des partis nationaux français, pas suffisamment distincts sur le plan local, trop inféodés à la hiérarchie parisienne, et qui donc subissent de plein fouet les tendances nationales.

De la même manière, on constate au Pays Basque français l’émergence d’un vote abertzale, via le vote Vert, vote absolument surprenant quand on connaît l’histoire politique conservatrice de la contrée, très RPR : là encore, l’existence d’un mouvement local a été apte à transformer la contestation contemporaine des normes mondiales en une solution politique fertile, qui saura nouer des alliances à Strasbourg, en vue d’obtenir des victoires sur des points précis.

D’une certaine manière, et la métaphore pourrait s’appliquer à l’économie, la France souffre de son centralisme désuet, qui peine à lutter dans un contexte où les flux, humains, commerciaux, idéologiques, transcendent les frontières, non pas parce que les États auraient organisé cette fuite en avant, mais parce qu’elle est une donnée historique, induite par la révolution des transports et des communications. Il n’y a pas eu complot pour détruire les États-Nations, c’est simplement la date de péremption d’un concept qui a seulement un peu plus de 200 ans.


c) Normaliser le FN

Défouloir, rurbanité, anti-mondialisme. Le FN bénéficie de la conjonction de ces 3 facteurs et de l’inadaptation de notre système politique français à y répondre. Il en bénéficie d’autant plus qu’il n’est pas un acteur normal du jeu politique français : si l’on excepte les dernières municipales, trop récentes, le FN n’est au pouvoir nulle part et sa représentativité au sein des institutions est nulle. Il est évident que le parti tire profit de cette situation privilégiée qui voit se discréditer à tour de rôle les deux grands partis de la Vème République que sont l’UMP et le PS.

La solution, proposée désormais par de nombreuses voix, passe par la mise en place d’une proportionnelle raisonnée lors des élections législatives et locales, qui viendra compléter les gains électoraux du FN lors des dernières municipales : l’électeur pourra alors juger le FN, non pas sur plan, mais sur les actes. Le FN doit se frotter à la réalité de la gestion administrative, aux contraintes financières, pour constater en fin de compte la difficulté de l’action publique à agir sur la réalité économique.

D’une certaine manière, il est heureux que de nombreux élus du FN partent au Parlement européen : ils constateront, tout au long de leur mandat, la technicité des sujets abordés, l’absolu manque de latitude normatif, le jeu des compromis. Il est peu douteux que s’ils se prennent au jeu, certains en reviendront changés, pour peu qu’ils aient pour l’action publique une vraie passion, ce qui implique qu’ils siègent, proposent, rendent compte. Faute de quoi, la France, tout au long de leur mandat, sera reléguée un peu plus à un rôle passif en matière d’élaboration des normes d’une grosse moitié du monde occidental.


d) Ailleurs en Europe

Le pays le plus similaire à la France est en fin de compte le Royaume-Uni, ou devrions-nous dire, l’Angleterre, tant le fossé avec l’Écosse se creuse : même nostalgie pour une grandeur passée évanouie, même appréhension à négocier les normes, même bipartisme verrouillé. Les conséquences sont somme toute similaires, quoique plus conformes à une vraie tradition britannique conservatrice : c’est Ukip qui l’emporte.

La France est donc l’équivalente du Royaume-Uni, à la marge de l’UE par son vote, juste quand l’ennemi héréditaire, et opposant premier au projet européen, fait son coming out avec le plus de clarté.

Ailleurs, la recomposition peut être étonnante : le bipartisme espagnol est en danger avec la première traduction politique des urnes du mouvement des Indignados, tandis que les centristes d’UPyD sont confortés. L’Italie, sous la houlette d’un premier ministre charismatique de gauche, passe l’épreuve. Et j’en passe : la NVA en Belgique qui siphonne le Vlaams Belang par exemple, dans le cadre des législatives du même jour.

En tout état de cause, comme une métaphore plaisante de ces élections, l’échec de la France à l’Eurovision augurait de ce qu’il est advenu : nous sommes un pays qui se croit à l’avant-garde de l’Histoire alors que nous en fréquentons les coulisses depuis de nombreuses années. Persuadés de notre propre génie et de notre intuition politique qui serait sans faille, nous avons perdu le contact avec le reste de nos partenaires qui peinent à nous comprendre. Nous sommes has-been. Cela a un charme, indéniablement, mais son effet sur la puissance économique est déjà plus douteux. Le romantisme n’excuse pas tout, certainement pas celui de se mettre hors-jeu délibérément.

Analyse des résultats des européennes dans les Pyrénées-Atlantiques et le Sud-Ouest

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Le scrutin européen est l’un des plus intéressants, potentiellement, car à 1 tour et proportionnel, même si la forte abstention et le caractère de défouloir de l’élection truquent quelque peu la visibilité des résultats.

Il n’en reste pas moins que le département des Pyrénées-Atlantiques est atypique dans son vote et qu’il est possible de faire parler ce scrutin.


Bleu : UMP
Bleu clair : MoDem/UDI
Rose : PS
Bleu foncé : FN
Vert : EELV


a) Un département plutôt conforme à la tendance nationale

Atypique, mais tout de même conforme dans les grandes lignes à la tendance nationale : le FN est ainsi en Béarn le premier parti, même s’il convient d’expliquer les raisons ci-après. Conformément à la vague Bleue Marine française, les Pyrénées-Atlantiques placent régulièrement le FN à de très hauts scores, les listes de ce parti sont donc bien l’objet d’un message de la part de l’électorat.

Les foyers FN sont avant toute chose notables en Béarn, plus notamment dans l’arrondissement de Pau. Ils se concentrent autour de la plaine de Nay, de la route de Gan, d’Arthez et en Vic-Bilh.

Il est très malaisé, tant ces zones sont différentes, de trouver les raisons communes à ce vote, ce qui peut être dit néanmoins, c’est que l’électorat de ces villages est profondément imprégné par les thématiques nationales françaises, et qu’il vote désormais en conformité avec le reste de la France.

Le vote au Nord de Pau et autour d’Arthez, auquel il convient d’ajouter le foyer de Gan, s’explique, à mon sens, plus facilement par la civilisation pavillonnaire : les lieux sont depuis 20 ans le foyer d’un univers périurbain où se rassemblent les classes moyennes françaises qui ont fui les grandes métropoles. La débéarnisation y est à peu près totale, il ne reste rien de l’ancien monde paysan démocrate-chrétien, la « Bayrouie ».

Le cas du Vic-Bilh me semble plus distinct, même si le phénomène pavillonnaire y est puissant, du fait de la proximité de Pau, et que le renouvellement des populations s’y est également opéré. Reste que le Vic-Bilh est aussi un pays d’exploitations agricoles qui périclitent, pour lesquelles la PAC peut s’avérer aliénante. Le vote de contestation est sans conteste le FN, en l’absence de formation locale qui capterait ce mécontentement.

En Pays Basque, le FN perce notablement en Bas-Adour : c’est le même phénomène qu’en grande banlieue périurbaine paloise, sauf qu’ici c’est Bayonne. Le FN est très fort autour de Mouguerre et Urcuit, c’est là encore la banlieue résidentielle bayonnaise des gens qui ont fui les grandes villes françaises pour se barricader à la campagne, c’est le pays des trajets en bagnole quotidiens, des courses dans les malls commerciaux, le pays des haies et des lotissements, du « vivons cachés ». La sociologie politique introduite dans ces zones débasquisées est très étrangère à la tradition politique basque.

On pourrait affiner ces résultats : le FN fait de bons résultats en Basse-Soule au Nord de Mauléon, ainsi qu’en zone frontalière, à Hendaye ou Biriatou. Chaque fois, le signe d’une acculturation identitaire.

b) Un département de plus en plus bicéphale

Le fait le plus marquant est le décrochage des électorats basque et béarnais. Cela a toujours été le cas plus ou moins, le Béarn étant partagé entre la démocratie chrétienne et le socialisme, tandis que le Pays Basque, dans les grandes lignes, était conservateur, RPR de l’ancienne mode.

Le développement de foyers FN en Béarn est conforme à la tendance lourde de la contrée : celle d’une francisation des réflexes politiques, au sens où le Béarn, qui a longtemps possédé une sociologie politique propre, se cale de plus en plus sur les solutions nationales.

En Béarn, la démocratie chrétienne MoDem de la paysannerie traditionnelle survit dans les environs de Morlaàs, dans l’Entre-deux-Gaves, en Barétous. Le radicalisme socialisant, lui, reste fort dans les vallées, en Aspe et Ossau. C’est l’incarnation de microcosmes politiques qui n’ont pas été altérés par les modifications contemporaines et la « nationalisation » du corps électoral béarnais. Ce sont des zones qui, comme par hasard, pratiquent encore subrepticement le béarnais et ont conservé un fort sentiment d’appartenance locale, le FN étant alors dans ce cadre un parti foncièrement étranger.

Le constat est encore plus net chez les Basques : le vote « Vert » est important en Basse-Navarre et en Haute-Soule. Il est la traduction de l’importance de l’abertzalisme dans ces régions rurales, qui proposent un modèle alternatif de développement, face à la chambre de commerce de Pau, face à l’UE même, telle qu’elle se construit. Là où le paysan béarnais aliéné du Montanérès va voter FN, comme le reste des Français, l’agriculteur basque votera Bové, car il bénéficie depuis de longues années d’un mouvement ancré localement qui a opéré l’addition du sentiment basque et de la volonté des changements économiques et sociaux.

En somme, les résultats marquent le succès naissant de la stratégie basque depuis des décennies : parler d’économie, parler aux jeunes. C’est une vraie révolution locale qui voit les descendants des électeurs RPR passer à une alter-gauche européenne qui porte un projet local original. Et l’analyse des résultats commune par commune montre de notables percées autour de Saint-Palais, au royaume de Lur Berri. Le Labourd semble plus récalcitrant, encore que le Labourd intérieur place souvent Bové en 2ème ou 3ème place.

Le département des Pyrénées-Atlantiques est donc moribond : il ne se trouvera plus dans les années qui viennent une sociologie commune aux entités basque et béarnaise. Le Pays Basque français se plonge dans une expérience nouvelle, similaire à celle qu’a connue le Pays Basque espagnol, c’est un vrai laboratoire politique. Le Béarn, acculturé, achève sa mutation vers une francisation à peu près totale sur tous les plans, dont celui de la sociologie politique. Il n’est peut-être pas trop tard encore que j’en doute fortement.

c) Ailleurs dans le Sud-Ouest




La vallée de la Garonne, conformément à mon analyse de 2012, confirme largement son ancrage national et l’évaporation de toute sociologie politique locale. En Gironde, il faut s’enfoncer loin en Bazadais pour retrouver un vote de centre-gauche traditionnel.

Des villes moyennes en perte de vitesse montrent une vraie implantation du FN, souvent 2ème , voire 1er, devant la gauche : Tarbes, Lourdes, Saint-Gaudens, Pamiers, Carcassonne, Montauban, Agen, Albi, …

A rebours, les grandes villes poursuivent leur boboïsation : Bordeaux place l’UMP en tête, puis le PS et les Verts. Même tiercé à Toulouse. Il semble que Pau, malgré sa modestie démographique, est sur un même schéma avec le MoDem en tête.

On constate, tout comme au Pays Basque, dans des régions où la culture vernaculaire s’est mieux maintenue et où les structures économiques traditionnelles survivent, un vote classique UMP, avec des foyers verts naissants : Aveyron ou Cantal. Les Pyrénées-Orientales, elles, sont très divisées, entre une côte complètement FNisée et un intérieur où des foyers verts puissants émergent, qui marquent l’appartenance identitaire catalane.

Dans tous les cas, la clé d’interprétation que je propose, entre régions acculturées et régions à forte identité, me semble à chaque fois la bonne : là où l’identité locale a été éradiquée, le FN perce. Partout où le sentiment de la différence a pu subsister, une offre concurrente au FN engrange des points, souvent sur un modèle plus européen, qui somme toute est plus rationnel quand il s’agit d’obtenir des choses à Bruxelles.

L’impasse française du FN, car tel est mon avis, est avant tout le fruit de notre acculturation jacobine et de notre triste indifférenciation, de Dunkerque au Boulou.

Une farce gigantesque

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Une farce gigantesque.



I - En France :



A) Quelques constats :

- Pays-de-la-Loire, région-bâtarde, sans aucune voie naturelle, reste intacte pour ne pas froisser Auxiette. Une décision d'appareil, le président agit encore en premier secrétaire du PS. Poitiers perd une nouvelle fois l'occasion de retrouver sa façade maritime vendéenne et reste une ville brimée, à laquelle on refuse un développement de métropole d'appoint entre Nantes et Bordeaux.

- Parallèlement, on maintient la Bretagne moignon à 4 départements, alors même que Troadec des "Bonnets Rouges" s'avère être la première force bretonne dans l'intérieur, et ne va cesser de monter dans les années à venir. Sous-estimation totale de la force du mouvement breton et de l'importante de la revendication B5. Clash en vue.

- Nord-Pas-de-Calais, maintenu, malgré les synergies avec la Picardie, dont il aurait seulement suffi de détacher l'Oise qui est francilienne. On se demande si les gens qui pondent ces cartes ont visité ce pays, le connaissent autrement que par les autoroutes et les aéroports.

- L'Auvergne accolée à Rhône-Alpes, alors qu'il n'y a aucune voie naturelle entre les deux ensembles, qu'il n'y a même pas une autoroute encore entre Lyon et Clermont, Quant au pauvre Limousin, il est l'incarnation du peu d'affect de son ancien représentant à son endroit, qui bascule dans la journée en Aquitaine, puis maintenant une immense région Centre complètement baroque. Un no man's land, une sorte de Castille-la-Manche française.

- La fusion Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon n'a aucun sens si l'Aquitaine reste seule à 5 départements. C'est un déséquilibre hallucinant dans le Sud-Ouest.





B) Quelques conséquences politiques

Bien évidemment, le président va ménager des portes de sortie, en parlant de départements qui éventuellement pourront changer de région. Mais on imagine mal Nantes, par exemple, qui a conservé au forceps ses Pays-de-la-Loire (ou plutôt le PS ligérien), rejoindre la Bretagne. On imagine mal tout court un département prenant pareille initiative, ne serait-ce que parce que juridiquement, on ne sait pas faire. Référendum local ?

En tout état de cause, la précipitation de François Hollande se paiera cher, il a escamoté un débat nécessaire sur l'organisation territoriale (agglomérations, pays, intercommunalités, qui fait quoi ?) qui méritait des années, dans le seul but d'arriver en 2017 devant les Français avec une réforme. Il a opéré des arbitrages sur un coin de table après un déjeuner, au détriment de tout ce en quoi son parti croyait (la décentralisation a fait des collectivités des personnes en droit), dans le seul but de faire état de volontarisme après 2 années d'immobilisme.

Électeur en 2012 de François Hollande, je pense que cet homme s'est lourdement décrédibilisé pour la fonction qu'il exerce, il est inconcevable que dans un grand pays occidental, une question aussi primordiale que l'aménagement du territoire se règle de la sorte, avec si peu de cohérence dans le discours, avec si peu de concertation, sans même des études prospectives sur les économies réalisées. Là, je crois qu'on arrive au bout du système Hollande, il ne peut plus gouverner.


II - Plus précisément, dans le Sud-Ouest :

Bordeaux et Toulouse sont clairement les ennemies d'un projet naturel et cohérent (fusion d'Aquitaine et Midi-Pyrénées plus quelques ajustements).
 
La solution, c'est métropoliser ces deux entités : accepter qu'elles ont développé leur propre univers, qu'elles rayonnent au-delà de leurs anciennes limites traditionnelles. Bref, en faire des villes-État, comme en Allemagne, avec lesquelles les entités aux alentours négocieraient des accords, notamment en termes d'infrastructures. C'est le cas de Bruxelles en Belgique en somme.

Les ambitions désuètes et ridicules de Bordeaux et Toulouse seraient pleinement satisfaites en leur conférant une indépendance, via une collectivité sui generis. Les autres villes d'Aquitaine et Midi-Pyrénées pourraient enfin renouer des contacts autour de la vallée de la Garonne.

Il faut ajouter que la métropolisation sur des frontières d'agglo permettraient d'éviter l'effroyable étalement urbain à l’œuvre à Bordeaux et Toulouse, qui s'étendent démesurément dans leur campagne environnante à plus de 50km parfois, ce qui rend la gestion des transports impossible, toute réflexion sur l'aménagement urbain difficile, et est à la source d'une sociologie politique naissante (le FN, c'est aussi la civilisation périurbaine qui dépense ses revenus en essence et a rêvé de l'accession à la propriété en lotissement loin des centre-villes). Cela passe par une redensification des villes en question.

Bref, le problème, ce sont bien nos métropoles. En faisant de même pour Nantes, on règlerait de la sorte de la problème breton.

La carte de la pauvreté dans le Sud-Ouest : la prise en compte de la rurbanité ?

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La carte de la pauvreté, officialisée par le Gouvernement, basée sur des critères économiques objectifs, vient d'être publiée. Le constat est évident : sont désormais prises en compte tout un tas de petites villes et moyennes en complète déliquescence depuis des années, villes profondément acculturées, où le pire de la mondialisation côtoie souvent les restes aliénés des cultures autochtones populaires. C'est la France où se développe le vote FN depuis deux décennies.


Contrairement à ce qu'affirment des sociologues, pour critiquer cette nouvelle carte, il est assez faux de dire qu'elle serait un signe donné aux "petits blancs" des campagnes. Ce n'est pas que ça. L'affirmer, c'est faire montre d'une vraie méconnaissance de la réalité démographique de nombreuses villes petites et moyennes, dont les thématiques rejoignent souvent celles des villes périurbaines des plus grandes agglomérations.

Le Lot-et-Garonne est un symbole avec l'inclusion de 4 villes qui complètent Agen : Marmande, Sainte-Livrade, Tonneins, Villeneuve-sur-Lot. Tout se cumule en Lot-et-Garonne : une économie en perte de vitesse (fermeture de la manufacture des tabacs de Tonneins, dépendance à la PAC de l'agriculture locale, ...), l'autoritarisme de l'État qui a fixé arbitrairement des populations (depuis les Italiens des années 30 jusqu'aux populations nord-africaines dans la seconde partie du XXème siècle), la vocation de lieu de passage entre métropoles (effet A62, pavillonarisation extrême), ...

Cependant, le Lot-et-Garonne, parce qu'il a été le jouet de l'État qui y a testé une politique d'aménagement depuis 100 ans sans cohérence, est un peu particulier : les villes où ce phénomène de paupérisation s'installe de manière naturelle sont plus intéressantes, comme c'est le cas de Saint-Gaudens ou Pamiers. Les causes sont les mêmes, mais il est impossible de blâmer l'État véritablement : les dynamiques démographiques sont le seul produit du marché immobilier. Les classes moyennes paupérisées de l'agglomération toulousaine ont migré dans de lointaines villes-satellites reliées à la métropole par l'autoroute, où elles retrouvent une population locale qui a souvent perdu son activité industrielle traditionnelle.

La prise en compte de la réalité économique de ces villes, loin des clichés sur les pays de cocagne, est une bonne chose, mais elle ne semble pas apporter de nos élites les solutions nécessaires. En effet, la carte de la pauvreté, outre l'aspect "subvention par tête de pipe", n'ouvre au fond qu'à des programmes de réhabilitation urbaine, or le problème de ces nouvelles villes pauvres, c'est moins le délabrement du bâti que l'absence de concertation en matière d'aménagement du territoire avec les métropoles.

On en vient - toujours - à la question de la réforme territoriale : en favorisant la construction de régions centrées autour de métropoles, qui auront pour but premier de finaliser la liaison entre ces dernières, nos élites vont accélérer le caractère d'hinterland de ces villes petites et moyennes, et conforter leur vocation de déversoir de tout ce que les métropoles boboïsées ne désirent plus, par les seules règles du marché. Au RSA, on vit mieux à Pamiers qu'à Toulouse.

Notre pays fonctionne tout entier pour le bien-être de ses seules grandes villes, dans l'espoir naïf qu'elles sont les uniques vectrices de la croissance économique. D'une certaine manière, le schéma français se généralise : une grande métropole accumule les richesses qu'elle daigne redistribuer sous la forme d'assistanat à ses périphéries moins dynamiques dont elle absorbe les forces vives. Ce fut longtemps Paris et la province. Ce sont désormais nos métropoles et leur région. Il est temps de briser ce modèle.

Le celte "equa randa" et ses dérivés en Gironde

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Le toponyme "equa randa", toponyme mixte latino-celte "juste limite" (source : Xavier Delamarre), semble avoir été utilisé tardivement sous l'Empire Romain aux fins de délimiter les territoires.

Il est l'un des toponymes les plus fréquents de France, sous des formes très diverses : Aigurande (Indre), La Délivrande (Calvados), Eygurande (Corrèze), ...


Comme souvent, historiens et linguistes s'ignorent de telle sorte que cette donnée leur échappe. Pourtant, elle est primordiale pour affiner la délimitation des anciennes cités gallo-romaines qui deviendront par la suite les évêchés, avec bien évidemment des ajustements marginaux.

Le département moderne de la Gironde est très intéressant par l'abondance des dérivés sur "equa randa". Je crois être le premier à avoir entrepris une recherche systématique de ces toponymes dans le département, qui dessinent les anciennes divisions entre Buch, Bordelais et Bazadais qu'il importe d'avoir en tête.

La difficulté tenait de ce que le toponyme "equa randa" a pris des formes totalement aberrantes, pour la plupart difficilement explicables par les caractéristiques des parlers romans locaux, ce qui signifie que le toponyme avait été déformé dans les bouches de l'administration latine, subrepticement celtophone.


I - Quelques types tirés de "equo randa"


1. Type "Guirande"

C'est le type le plus attendu en phonétique romane méridionale, avec mécoupure : Eyguirande* > La Guirande.

On le trouve en Pays Gabay, pays de langue saintongeaise mais anciennement d'oc : La Guirande à Mirambeau en Saintonge, Guirande à Marcillac en Vitrezais, La Guirande à Lagorce dans la Double.

A chaque fois, ces toponymes sont à quelques encablures d'une ancienne frontière : les deux premiers matérialisent l'ancienne frontière entre Bituriges et Santons, puis entre Bordelais et Saintonge, autour de Pleine Selve (l'ancienne Plana Sylva, autrement dit la forêt à perte de vue). La Guirande à Lagorce est encore aujourd'hui à la frontière entre Charente-Maritime et Gironde.

On trouve en Périgord le village d'Eygurande qui a conservé la forme pleine.


2. Type "Gironde"

C'est évidemment le plus intéressant : il est tout à fait curieux que les toponymistes aient eu tant de mal à identifier ce vocable !

Il est une variante du type précédent avec l'alternance à l'initiale gui/gi, hésitation que l'on retrouve par exemple dans le prénom médiéval Girons, qui est aussi Guirons. C'est là un trait de phonétisme roman qu'il conviendrait d'étudier plus amplement.

En tout état de cause, il est évident que Girande au Temple matérialise l'ancienne frontière entre le Bordelais proprement dit et la cité des Boiates autour du Bassin d'Arcachon, qui deviendra le pays de Buch.

Par mutation vocalique étrange, mais constante partout en France, Girande est devenu ... Gironde. Voici donc l'étymologie du nom de l'estuaire : c'est une déformation poussée, assez hétérodoxe mais indéniable du celte equa randa, qui matérialise tout simplement une frontière, ce que l'estuaire est, entre Bordelais et Saintonge.

L'existence du village de Gironde, sur la Garonne, entre Saint-Macaire et La Réole confirme cette analyse : en effet, le village de Gironde se situe à la frontière entre Bordelais et Bazadais, autrement dit entre Bituriges et Vasates de l'époque romaine (il faut bien se figurer que le Bazadais s'étendait entre la Garonne et la Dordogne, j'ai tenté dans ma carte de le montrer en légende, en bas à gauche).


3. Type "Hirande"

C'est une forme que l'on retrouve en France, très déformée. Elle a souvent été mal comprise et suffixée en ... Hirondelle. On peut supposer un fait d'articulation phonétique celte pour une telle mutation, improbable en français.

On trouve des lieux-dits "L'Hirondelle", comme par hasard, en des lieux de frontière là encore : en Blayais, sur la Dordogne en Périgord et en Agenais, à la frontière avec l'ancien Bazadais.


II - Premières conclusions


La carte que dessinent ces toponymes tirés de "equa randa" est cohérente avec ce que l'on sait de l'ancienne administration diocésaine, héritière probable des cités romaines.

La frontière entre Buch et Bordelais est assez nette via les toponymes Girande et Girondes, auxquels il faut ajouter le très connu Croix d'Hins (du gascon hins "limite", du latin finis).

Il en va de même en Entre-deux-Mers entre Bordelais et Bazadais : au Sud, le village de Gironde sur la Garonne, au Nord, la rivière de l'Engranne, qui était justement la frontière ancienne entre les deux entités.

Le Bazadais est lui-même délimité par une série de toponymes sur la rive périgourdine de la Dordogne (c'est la frontière avec les Pétrocores, qui donneront l'ancien évêché de Périgueux, ultérieurement scindé en deux avec l'émergence de l'évêché de Sarlat).

Enfin, en Nord Gironde contemporain, la batterie de toponymes de frontières est assez serrée et délimite une frontière entre Bordelais, Saintonge et Périgord, dans ce qui était et est encore par endroits, une grande forêt qui ne sera défrichée que tardivement (d'où l'abondance d'hagiotoponymes qui marquent le caractère médiéval), et ce qui explique d'ailleurs probablement l'afflux de populations saintongeaises dans ce no man's land de frontière (d'où l'émergence du Pays Gabay).

En tout état de cause, cette étude, très rapide, n'est qu'une première ébauche d'une recherche plus minutieuse à mener. On peut s'étonner par exemple de l'absence de toponymes de ce type pour marquer la frontière entre Bazadais et Bordelais, dans la lande et la vallée du Ciron.

Cette étude se doit d'être poussée à l'ensemble des départements du Sud-Ouest (elle l'a déjà été ailleurs en France, en pointe sur les études celtiques) : l'abondance des toponymes Guirande, Gironde, Hironde, ... est un indice sur l'importance de ces lieux-dits à une époque ancienne.

Toute ressemblance ...

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Flamen item /du(u)mvir qu(a)estor/ pagiq(ue) magister/Verus ad August/um legato mu/nere functus/ pro novem opt/inuit populis se/ iungere Gallos/ Urbe redux ge/nio pagi hanc/ dedicat aram.

« Flamine, duumvir, questeur et magister du canton, Verus ayant accompli la mission qui lui avait été confiée auprès de l'empereur, obtint pour les Neufs peuples qu'ils se séparent des Gaulois ; à son retour de Rome il dédie cet autel au génie du canton ».




Il s'agit de la traduction d'une inscription romaine trouvée à Hasparren, dans le Labourd, parmi les plus célèbres et les plus commentés textes latins de l'épigraphie antique en France.

Le sens en est clair : compris dans une immense province nommée Aquitaine par l'administration romaine, province qui allait des Pyrénées jusqu'à la Loire et s'étendant sur ce qui est aujourd'hui l'Auvergne, le Limousin, le Poitou, ... (et qui deviendra le duché français de Guienne au Moyen-Âge autour de Poitiers), les "vrais" Aquitains au sens ethnique (les bascophones) obtinrent de Rome, 2 siècles après, de se trouver à nouveau séparés des "Gaulois" (les celtophones) sous la forme d'une province dite des 9 peuples : la Novempopulanie.

La Novempopulanie deviendra, à peu de choses près (fluctuations en les marges, vers Burdigala et Tolosa, déjà cosmopolites et terres d'interface avec les voisins), la Gascogne (Vasconia).

Toute ressemblance avec des faits d'actualité ne serait que pure et fortuite coïncidence.

La contre-allée Bernard-Hinault ne sera pas : ouf !

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Une excellente initiative dont je doute qu'elle soit prise pour de bonnes raisons mais qui peut permettre une réflexion sur les dénominations des espaces publics.

Pau : Bernard Hinault n'aura pas d'allée à son nom


- Bernard Hinault n'a aucun lien avec la ville de Pau. Certains arguent de la mythologie autour du Tour de France, c'est réduire la capitale du Béarn à bien peu de choses ...

Avec tout le respect que l'on doit à la mythologie populaire depuis Roland Barthes, et malgré toute la passion que j'ai pour les courses cyclistes, ancrer dans l'espace public une référence à ce qui n'est qu'un événement médiatique annuel fait la preuve d'une dispersion quant à ce qu'est la culture et une confusion des genres. Nous sommes dans le même esprit que les écoles Pierre-Perret ou René-Goscinny (que j'adore tous les deux).


- Il est avancé que Bernard Hinault serait toujours vivant et non éligible à voir une rue, en l'espèce une contre-allée, baptisée de son nom. Cela est de peu d'importance.

Ce qu'il faut remettre en question, c'est bien entendu la manie française de prendre en otage le monde que nous vivons, notre espace géographique, par l'hommage obsessionnel aux Grands Hommes. C'est une mode née sous la Révolution, qui prit des proportions ahurissantes avec les noms révolutionnaires de nombreuses communes. Mont-Marat, Jean-Jacques-Rousseau, Commune-Franklin, ...

La volonté a toujours toujours été la même : effacer l'ancien substrat, annihiler les restes de l'ancien monde. Si les communes ont retrouvé leur nom bien souvent (et si nous avons récupéré le calendrier grégorien), les dégâts ont été terribles depuis 230 ans : nos villes sont composées essentiellement d'avenues Foch, de boulevards Thiers, de cours Victor-Hugo, de rues de la République, de places Charles-de-Gaulle.

Partout, la même uniformité française, du moindre village à la plus grande métropole. Une mort dans l'actualité qui provoque quelque émotion ? On s'empresse de débaptiser une place ou une venelle. Notre espace public est devenu le lieu des luttes idéologiques, de la mémoire officielle, de la bien-pensance.


- Il faut retrouver les anciennes appellations, un peu partout. Cela sera l'occasion pour les habitants des villes et ailleurs de renouer avec leurs rues, de s'approprier la géographie de leur cité. Appellations qui reflètent un ancien monde (les fameuses "places du Marché"), rappellent les anciennes langues parlées avant le français, sont tout simplement intuitives et descriptives (pour aller à Tarbes, c'est la "route de Tarbes").

Ainsi, dans le cas palois, ce n'est pas seulement la contre-allée Bernard-Hinault (l'écrire suffit à provoquer l'hilarité) qui se doit de ne jamais être, c'est la place de Verdun qu'elle devait toucher qui doit retrouver son véritable nom : elle est la "Haute Plante" des Béarnais et le sera toujours.
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