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Channel: Béarniaiseries et occitâneries
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La carte de la pauvreté dans le Sud-Ouest : la prise en compte de la rurbanité ?

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La carte de la pauvreté, officialisée par le Gouvernement, basée sur des critères économiques objectifs, vient d'être publiée. Le constat est évident : sont désormais prises en compte tout un tas de petites villes et moyennes en complète déliquescence depuis des années, villes profondément acculturées, où le pire de la mondialisation côtoie souvent les restes aliénés des cultures autochtones populaires. C'est la France où se développe le vote FN depuis deux décennies.


Contrairement à ce qu'affirment des sociologues, pour critiquer cette nouvelle carte, il est assez faux de dire qu'elle serait un signe donné aux "petits blancs" des campagnes. Ce n'est pas que ça. L'affirmer, c'est faire montre d'une vraie méconnaissance de la réalité démographique de nombreuses villes petites et moyennes, dont les thématiques rejoignent souvent celles des villes périurbaines des plus grandes agglomérations.

Le Lot-et-Garonne est un symbole avec l'inclusion de 4 villes qui complètent Agen : Marmande, Sainte-Livrade, Tonneins, Villeneuve-sur-Lot. Tout se cumule en Lot-et-Garonne : une économie en perte de vitesse (fermeture de la manufacture des tabacs de Tonneins, dépendance à la PAC de l'agriculture locale, ...), l'autoritarisme de l'État qui a fixé arbitrairement des populations (depuis les Italiens des années 30 jusqu'aux populations nord-africaines dans la seconde partie du XXème siècle), la vocation de lieu de passage entre métropoles (effet A62, pavillonarisation extrême), ...

Cependant, le Lot-et-Garonne, parce qu'il a été le jouet de l'État qui y a testé une politique d'aménagement depuis 100 ans sans cohérence, est un peu particulier : les villes où ce phénomène de paupérisation s'installe de manière naturelle sont plus intéressantes, comme c'est le cas de Saint-Gaudens ou Pamiers. Les causes sont les mêmes, mais il est impossible de blâmer l'État véritablement : les dynamiques démographiques sont le seul produit du marché immobilier. Les classes moyennes paupérisées de l'agglomération toulousaine ont migré dans de lointaines villes-satellites reliées à la métropole par l'autoroute, où elles retrouvent une population locale qui a souvent perdu son activité industrielle traditionnelle.

La prise en compte de la réalité économique de ces villes, loin des clichés sur les pays de cocagne, est une bonne chose, mais elle ne semble pas apporter de nos élites les solutions nécessaires. En effet, la carte de la pauvreté, outre l'aspect "subvention par tête de pipe", n'ouvre au fond qu'à des programmes de réhabilitation urbaine, or le problème de ces nouvelles villes pauvres, c'est moins le délabrement du bâti que l'absence de concertation en matière d'aménagement du territoire avec les métropoles.

On en vient - toujours - à la question de la réforme territoriale : en favorisant la construction de régions centrées autour de métropoles, qui auront pour but premier de finaliser la liaison entre ces dernières, nos élites vont accélérer le caractère d'hinterland de ces villes petites et moyennes, et conforter leur vocation de déversoir de tout ce que les métropoles boboïsées ne désirent plus, par les seules règles du marché. Au RSA, on vit mieux à Pamiers qu'à Toulouse.

Notre pays fonctionne tout entier pour le bien-être de ses seules grandes villes, dans l'espoir naïf qu'elles sont les uniques vectrices de la croissance économique. D'une certaine manière, le schéma français se généralise : une grande métropole accumule les richesses qu'elle daigne redistribuer sous la forme d'assistanat à ses périphéries moins dynamiques dont elle absorbe les forces vives. Ce fut longtemps Paris et la province. Ce sont désormais nos métropoles et leur région. Il est temps de briser ce modèle.

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